J’ai payé mes légumes bio avec la bague du futur

Publié le par Pierre Schneidermann,

© Bague Aeklys / Montage Konbini Techno

Présentation de la bague "Aelys by Starck" qui permet de payer en sans contact.

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Il m’aura fallu cinq mois. Cinq longs mois avant de me résoudre à enfin déballer et tester la bague connectée “Aeklys by Starck”, conçue par sa star éponyme, Philippe Starck.

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Elle me guettait là, sur mon bureau, et sans cesse je repoussais le test au lendemain. Pourquoi ? Parce qu’il s’agissait d’un produit dont je n’avais absolument pas besoin (encore moins que du dernier iPhone) ? Ou parce qu’il m’évoquait, en filigrane, un futur dystopique 100 % trop connecté ? À cause d’une énième relance (bien méritée) de la part de l’entreprise, j’ai finalement craqué et je l’ai déballée pour enfin l’essayer.

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Le paiement sans-contact et sans recharge

La bague “Aeklys by Starck“, vendue 149 euros, permet principalement de payer ses courses (ou n’importe quel achat de moins de 50 euros) en posant son doigt sur un terminal de sans contact, sans avoir à sortir sa carte bancaire, son téléphone ou du liquide. Tout comme la puce NFC de votre carte bancaire, la bague est complètement autonome, c’est-à-dire qu’elle n’a pas besoin d’être rechargée, elle le fait toute seule par induction électro-magnétique lorsque vous payez.

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La bague “Aeklys by Starck” © ICARE Technologies

En plus des courses, elle permet aussi de payer directement dans certains transports publics. Malheureusement, ce n’est pas encore possible en France (elle devrait néanmoins bientôt fonctionner avec le pass Navigo pour l’Île-de-France) mais ça l’est dans d’autres villes européennes comme Bruxelles. Il y a d’autres petites fonctionnalités gadgets, comme l’échange de cartes de visite ou le déverrouillage d’objets électroniques.

ICARE Technologies, l’entreprise qui la commercialise, vient aussi de sortir un modèle entrée de gamme, l’“Aeklys One“, à 49 euros, au design sensiblement différent et qui possède moins de fonctionnalités – principalement l’impossibilité de l’utiliser dans les transports.

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La bague Aeklys One © ICARE Technologies

L’index tout-puissant

L'”Aeklys by Starck” est plutôt jolie, par son minimalisme, mais attention, on ne peut la porter qu’à l’index ? Pourquoi ? À cause d’un système anti-fraude, “Wave Control” (le contrôle de l’émission des ondes), qui exige que l’on appuie avec le pouce sur une petite zone au moment de payer, et ce pour éviter de se faire pirater – car le sans-contact, on vous le rappelle, est une technologie vulnérable. Dans la lignée sécurité, il est aussi possible, depuis l’appli, de désactiver sa bague à distance.

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L’Aeklys existe en plusieurs tailles. Si vous voulez vous en acheter une, il faudra probablement que vous visiez au-dessus de votre tour de doigt habituel. Faisant normalement du 62 (oui, je connais mon tour de doigt), on a dû me renvoyer un modèle en 68, notamment parce que la bague doit être portée à l’index, le plus épais des doigts de la main après le pouce.

Une mise en service compliquée

Si cette technologie est une promesse de simplicité sur le papier, c’est quand même un peu galère au début. Non pas parce qu’il faut télécharger une appli (qui sera votre véritable tableau de bord) et créer un compte, ce qui est compréhensible, mais surtout parce qu’il faut ajouter un nouveau bénéficiaire sur votre espace bancaire.

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Car la bague n’est pas directement reliée à votre propre compte. Vous devrez d’abord virer des sous sur un compte bancaire dédié (totalement gratuit sécurisé) pour pouvoir l’utiliser ensuite, et le recharger quand ça se vide. Une fois que cette configuration un peu laborieuse est terminée, vous pouvez enfiler votre bague et sortir vous promener.

La joie enfantine du premier paiement

À ma première tentative de paiement chez Naturalia (article non sponsorisé), je n’ai pas réussi à coordonner “Wave Control” et la pose de la bague sur le terminal du sans-contact. Comme c’était le silence complet (Naturalia oblige), je n’ai pas osé recommencer devant les personnes qui attendaient derrière moi, ayant carrément peur de passer pour un fou furieux exilé du futur cherchant à payer avec mon doigt.

Pour la seconde tentative, je me suis rendu dans un grand Casino anonyme et, pour éviter la peur du regard, je suis allé aux caisses automatiques. Là, sans stress, disposant du nombre d’essais que je voulais, j’ai réussi (du deuxième coup). Oui, j’ai pu payer mes légumes bio (moins bons que chez Naturalia) avec une bague sortie du turfu ! Le geste était plutôt drôle : pas de carte bancaire, rien à sortir, la transaction s’est faite comme par magie, c’est une joie enfantine – malheureusement je n’ai pu impressionner personne.

Mais pour plusieurs raisons, je n’aurais jamais acheté cette bague. D’abord, je ne suis pas fan de gadgets technologiques, team sobriété numérique. Ensuite, je suis maniaque sur les bagues que j’autorise à m’accompagner au quotidien : j’en porte déjà deux en métal, triées sur le volet, je me vois mal en rajouter une troisième en plastique. Enfin, je n’aime pas me compliquer la vie : maintenant que tout est configuré et qu’elle marche, j’épuiserai mon solde (j’ai crédité mon compte de 100 euros) mais j’ai bien peur de m’en séparer au moment où il faudra faire un virement pour la recharger.

Alors, Black Mirror ou pas Black Mirror ?

Néanmoins, même si je ne suis pas fan, j’ai voulu savoir comment se vendait ce produit atypique. Selon Fabien Raiola, cofondateur et directeur d’ICARE technologies, la start-up corse derrière Aeklys, “des milliers” de personnes se sont déjà procuré une Aeklys, qui est sur le marché depuis mi-novembre. Ce sont à 95 % des hommes, jeunes, archi-fans du designer Philippe Starck – qui, au passage, n’a pas fait payer sa prestation pour le dessin de la bague mais est entré au capital de la boîte et endosse la casquette de directeur artistique !

Quand on lui dit que son innovation – qui a nécessité 25 brevets – fait un peu peur et qu’elle nous rappelle Black Mirror, Fabien répond : “Oui, on sent que c’est un sujet touchy. Qu’est-ce qu’il y a entre la montre connectée et la puce sous la peau ? La bague ! Mais on n’ira pas plus loin que le paiement. Il n’y a ni géolocalisation ni tracking. Seule l’adresse mail et le numéro de téléphone sont récoltés.

À terme, la bague Aeklys pourrait posséder d’autres fonctionnalités, comme l’implémentation des cartes d’embarquement pour prendre l’avion ou le badge d’immeuble. Pour autant, rentrera-t-elle dans nos usages ? On le saura bientôt un peu mieux, avec le modèle bien plus accessible, à 49 euros, qui vient de sortir.

Seriez-vous prêt à porter une bague sortie du turfu ? Pour nous écrire : hellokonbinitechno@konbini.com