Man of Medan, un premier opus mitigé pour l’anthologie horrifique The Dark Pictures

Man of Medan, un premier opus mitigé pour l’anthologie horrifique The Dark Pictures

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© Supermassive Games

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Par Florian Ques

Publié le

En dépit d'un univers angoissant bien maîtrisé, le nouveau jeu des concepteurs d'Until Dawn boit gentiment la tasse.

N’est pas Until Dawn qui veut. Pour un féru d’horreur aussi bien que de récits interactifs comme moi, ce jeu vidéo sorti en 2015 s’est présenté d’emblée comme le Saint Graal. Un gameplay fluide et globalement efficace, une mythologie fouillée et des personnages qui sont parvenus à être plus que des caricatures sur pattes…

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Sans être un sans-faute, le premier jeu pour PS4 de Supermassive Games s’est imposé, bon gré mal gré, comme une réussite honnête. Fort de son succès, l’éditeur britannique s’est alors enquis de réitérer sa recette avec un projet à plus grande échelle : une anthologie d’épouvante interactive.

Avec The Dark Pictures Anthology, Supermassive Games collabore avec Bandai Namco Entertainment pour mettre au point huit chapitres autonomes, lesquels devraient être déployés au compte-gouttes au fil des prochaines années.

Mais c’est depuis le 30 août dernier qu’on peut plonger tête la première dans l’univers de Man of Medan, l’opus inaugural de cette octalogie ambitieuse, aussi bien disponible sur PS4 que sur Xbox One et PC. Dans notre cas, c’est sur PlayStation qu’on a exploré le jeu, et il faut avouer que celui-ci nous laisse un petit arrière-goût d’inachevé.

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Pour celles et ceux qui ont pu tester Until Dawn, le tout frais Man of Medan opte pour la même mécanique de jeu. Autrement dit, on se retrouve face à une histoire qui va évoluer en fonction de nos choix.

Ici, la moindre des décisions peut avoir une incidence sur l’avenir des personnages (en l’occurrence, il y en a cinq que l’on peut incarner) et venir interférer sur le dénouement du jeu. En plus de dilemmes décisifs, le joueur devra aussi faire face à des QTE (des tests de rapidité et réactivité, grosso modo) qui, si ratés, peuvent influer sur sa progression.

Le pitch de Man of Medan ? Accompagnés de leur capitaine, quatre Américains grimpent à bord d’un bateau à moteur, bien décidés à aller explorer les fonds marins de l’océan Pacifique. Mais alors que la météo se gâte et qu’une tempête brutale s’abat sur eux, un immense navire apparaît à l’horizon. Il s’agit, of course, d’un vaisseau fantôme qui risque bien de mettre leur santé mentale à rude épreuve.

Quant à savoir s’ils sortiront de ce périple maritime indemnes, ça dépendra de votre performance mais, par-dessus tout, des décisions que vous prendrez.

Bugs, graphismes balbutiants et choix superflus

Dans l’ensemble, Man of Medan ne paraît pas tout à fait abouti. Un constat évident qui se base, d’une part, sur des visuels à la qualité toute variable et ce en dépit de l’usage de la motion capture : certains plans du jeu semblent léchés avec une esthétique éminemment travaillée, là où d’autres ont l’air beaucoup plus bâclés et auraient tendance à faire écho aux Sims 2 (non, ce n’est pas un compliment malgré tout l’amour qu’on porte aux Sims).

En prime, des bugs – en petite quantité, heureusement – n’ont pas été réglés, comme ce moment gênant où un personnage décédé réapparaît comme par magie dans certains plans. Et non, il n’est pas question de fantôme revenu d’entre les morts pour nous effrayer, soyez-en sûrs.

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Le plus frustrant reste sans nul doute les choix auxquels on doit faire face. Si certaines de nos décisions ont une incidence indéniable – directe ou latente – sur l’avancée du récit, d’autres ont clairement l’air inutiles.

En guise d’exemple, certains choix nous poussent à croire que la relation entre deux personnages peut être détériorée… pour que, au final, aucune répercussion n’ait lieu. On croirait presque que certains dilemmes sont purement accessoires et c’est assez déplorable. En soi, on nous promet une narration interactive qui ne l’est pas tant que ça.

Plus on est de fous, plus on frémit

La grande nouveauté que Man of Medan propose en comparaison à son aîné Until Dawn, c’est la présence de deux modes multijoueurs. En sélectionnant “Movie Night”, jusqu’à cinq personnes peuvent influer sur l’histoire en se faisant passer la manette, chacune incarnant un des personnages jouables de l’aventure.

L’autre mode qui est particulièrement intéressant, sobrement appelé “Shared Story” dans le menu, permet d’explorer le jeu à deux, en ligne. Tour à tour, les deux joueurs se glissent dans la peau des personnages et évoluent dans des scènes différentes en parallèle. Le détail qui fonctionne, c’est que le timing est important et les actions de l’un peuvent avoir un impact sur celles de l’autre. Entraide et communication s’imposent alors comme des alliées nécessaires.

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C’est ce mode de jeu-là qu’on a pu tester et il faut avouer que c’est une réelle plus-value par rapport à Until Dawn, qui n’offrait pas de multijoueur. Ça rend le gameplay hautement plus intense, surtout dans la deuxième partie du jeu qui comprend les décisions les plus impactantes de Man of Medan.

Bon, c’est bien beau tout ça, mais ça ne répond à la question ultime : Man of Medan, ça fait peur ou non ? Malheureusement, pas tant que ça. Entre décors rouillés et cadavres placés çà et là, les efforts de Supermassive Games pour générer une atmosphère anxiogène sont bien présents.

Néanmoins, malgré quelques jumpscares (qui demeurent perfectibles, notons-le), le jeu n’atteint pas des sommets d’épouvante, n’arrivant pas à la cheville d’Until Dawn ou de titres horrifiques comme Outlast par exemple. Somme toute, on croirait jouer à une bêta plutôt qu’à une version définitive et peaufinée du jeu, ce qui est tout de même dommage.

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Résultat des courses, l’anthologie The Dark Pictures s’offre des débuts chancelants, voulant émuler la success-story d’Until Dawn mais ne réussissant à produire qu’un jeu faussement abouti. Alors oui, l’expérience multijoueur est intéressante et les 5 heures moyennes de jeu passent étonnamment vite.

Mais ça ne suffit pas. Aussi bien récit horrifique qu’histoire interactive, Man of Medan n’excelle dans aucune des deux catégories, laissant une marge d’amélioration assez large pour le deuxième chapitre annoncé – Little Hope, prévu pour 2020.

Pour rappel, The Dark Pictures Anthology: Man of Medan est disponible sur PS4, Xbox One et PC.