Mother 3, ce jeu étrange, drôle et poignant qui a changé ma vie

Mother 3, ce jeu étrange, drôle et poignant qui a changé ma vie

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(c) Mother 3

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Par Jérémie Léger

Publié le

Histoire d'amour pour un jeu exclusivement sorti au Japon.

Dans le jeu vidéo, il y a des œuvres qui nous marquent plus que les autres. Il y a quelque temps maintenant, je vous parlais de l’amour inconditionnel que j’ai éprouvé pour Final Fantasy VII. Pourtant c’est loin d’être le seul jeu à m’avoir autant touché. Aujourd’hui, mes émotions et mes sentiments me crient de rendre justice à Mother 3, cette pépite vidéoludique bien trop méconnue.

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Tout commence en 2008, lorsque le joueur fougueux que j’étais découvre Super Smash Bros. Brawl. Alors que je me plais à faire combattre Lucas, je m’interroge : “Mais qui est donc ce petit blondinet pleurnichard aux pouvoirs psychiques ?” Curieux, je me penche sur le jeu dont il est issu : Mother 3.

Une exclusivité japonaise

Si je n’avais jamais eu connaissance de l’existence du bonhomme jusque-là, c’est simplement parce que son jeu d’origine, le troisième volet de la saga Mother (nommé EarthBound en Occident) créée par Shigesato Itoi, est sorti exclusivement au Japon.

Initialement prévu pour la Nintendo 64 en 1998 sous le nom d’EarthBound 64, il sortira finalement sur Game Boy Advance en 2006, après des années de développement chaotique.

Rebaptisé Mother 3 (bien que dissociable des opus précédents), le jeu n’arrivera que bien des années plus tard dans nos contrées. Non pas de manière officielle, mais grâce à une équipe de fans traducteurs acharnés, qui n’a alors qu’une idée en tête : faire découvrir ce chef-d’œuvre au public francophone.

J’ai parlé jusque-là de tout mon amour pour ce jeu, mais il faut savoir que ce sentiment est aussi au cœur même de l’intrigue.

Il était une fois…

Dans le village de Tazmily, situé sur les Îles de Nulle-Part, vit une famille heureuse et ordinaire. On y découvre deux jeunes frères jumeaux : Lucas, de nature timide, fragile et pleurnicharde et Claus, brave, intrépide et courageux. Ils grandissent tous deux dans les jupons de leur mère, Hinawa, avec leur père, Flint, et leur chien, Boney.

Par une nuit pluvieuse, alors que les deux frères et leur mère reviennent d’un séjour chez leur grand-père, les voilà attaqués par un Drago (une créature normalement pacifique, qui peuple la montagne). Face au danger, la mère se sacrifie pour permettre à ses enfants de fuir. En apprenant la mort de sa femme, Flint devient fou et finit en prison pour excès de violence.

Rongé par le désir de vengeance et en voyant son frère inconsolable, Claus décide alors de partir seul dans la montagne pour régler son compte à ce Drago qui a tué sa mère. Quand Flint et son beau-père Alec partent à sa recherche, ils ne trouvent qu’une des chaussures que portait le jeune garçon…

Le reste de l’histoire se compose de huit chapitres remarquablement écrits. Chacun d’eux vous fera vivre les destins croisés de personnages tous plus attachants les uns que les autres : Lucas, Flint, l’apprenti voleur Duster, la princesse Kumatora ou encore le singe Salsa. Mais pas de spoilers ici, vous aurez peut-être envie d’y jouer.

Un jeu qui casse les codes du RPG

D’emblée, ne vous fiez ni à l’allure naïve et fantasque des personnages, ni à l’atmosphère guillerette du monde qui vous entoure. Dans le fond, le propos est dur. Je vous promets que si vous vous mettez à Mother 3, vous passerez par toutes les émotions et le terminerez la boule au ventre.

Au-delà du scénario tire-larmes et tragique, le jeu puise aussi sa force dans son côté décalé. Une formule loufoque dont l’humour, parfois absurde, cache en réalité une morale et des prises de position politique profondes.

Sans oublier les musiques, magnifiquement composées par Shigesato Itoi, qui sont bien plus que des leitmotivs. Elles se mettent entièrement au service du gameplay, notamment lors des phases de combat psychédéliques propres à la série. In game, chaque ennemi a son thème musical et votre sens du rythme, plus que vos compétences magiques, sera la clef de la victoire.

Je me souviens encore de la première fois que j’ai terminé Mother 3. Ce jour-là, ma vie a changé. Sa fin tragique m’a fait comprendre que les mauvais sentiments, quels qu’ils soient, n’apportent que tristesse, haine et regrets. Cela paraît évident dit comme ça, mais si tout le monde en avait réellement conscience, notre monde n’en serait que plus beau.

Pour m’avoir rappelé cette leçon de vie fondamentale, du plus profond de mon cœur de gamer, monsieur Shigesato Itoi, je vous dis merci. Et je prie pour un inespéré remake géolocalisé sur Switch.