On a testé Watch Dogs: Legion et son gameplay est une vraie révolution

On a testé Watch Dogs: Legion et son gameplay est une vraie révolution

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Par Arthur Cios

Publié le

En rendant jouable n'importe quel PNJ, Ubisoft frappe très fort.

Il sera sans doute plus difficile de jouer à des franchises type GTA après la sortie de ce Watch Dogs. On exagère le trait, mais à peine. Rouler à toute berzingue sans se soucier de tous ces PNJ qu’on écrase sans états d’âme n’a plus la même saveur maintenant qu’on a passé plusieurs heures à recruter des passants à tout-va.

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On ne pense pas que cette sensation dure, mais rien que le fait que ce mécanisme, ancré dans notre manière de jouer, puisse être perturbé temporairement est fort. Ce n’est pas qu’une façon de parler. J’ai littéralement rallumé mon GTA V juste pour voir et, inconsciemment, j’ai voulu faire plus attention. Solide, quand même.

En cause, le centre névralgique du gameplay de Watch Dogs: Legion, petite révolution dans la grande histoire du jeu vidéo. Le troisième volet de la franchise d’Ubisoft centrée sur le hacking a changé la recette. Il ne faut plus simplement hacker le système pour mieux le détruire de l’intérieur, il faut maintenant recruter une armée de résistants, et ça change tout.

Une centaine de personnages jouables, une révolution

Petite mise en contexte rapide : le jeu s’ouvre sur une mission façon James Bond, où un homme, qui travaille pour une organisation secrète (les fameux hackers bienveillants, DedSec), essaie de démanteler une bombe placée au sein du parlement britannique. Spoiler : il réussit, mais trois autres bombes situées dans Londres explosent.

L’entreprise d’armement, qui est en réalité derrière les attentats, devient pour le gouvernement le meilleur outil de protection répression, et se met alors en place un état totalitaire, sécuritaire, qui fait passer DedSec pour le responsable des attentats tout en diminuant les libertés individuelles en masse. Sounds familiar ?

La résistance étant réduite à zéro, il est de votre ressort de tout reconstruire et de recruter tous les Londoniens qui en ont marre de la politique dictatoriale de ce gouvernement. C’est sans doute un poil utopique, mais (presque) toute la population est à même de vous rejoindre à un moment ou un autre, et chacun a des spécificités qui seront utiles à un moment du jeu. On en vient à passer le plus clair de son temps à scanner les passants à la recherche de la perle rare (le Graal étant un espion).

C’est quand même inédit, et extrêmement impressionnant, autant en termes d’écriture que d’un point de vue technique. Des centaines de personnages jouables, chacun ayant des missions et chacun pouvant être incarné à tout moment, où que l’on soit dans l’histoire. Au sein même d’une mission, vous pouvez switcher de personnage, un peu comme dans certaines missions de GTA V – mais avec une pléthore de protagonistes. 

Fait intéressant : on n’est plus sur un personnage avec un arbre des capacités que l’on gagne au fil de l’aventure, mais des centaines de personnages qui apportent des petites nouveautés au gameplay, et dont la force ne fait que croître au fil de l’histoire.

Il y a bien des possibilités de s’améliorer, avec des points de tech qu’on récolte un peu partout dans la ville, mais ce n’est pas du tout comparable à ce qu’on a d’habitude. Bien moins linéaire. Pas forcément plus agréable, mais novateur, et à l’heure des blockbusters qui se ressemblent de plus en plus, il faut le souligner.

L’un des autres intérêts est que les personnages peuvent mourir. L’option “mort permanente” permet d’apporter quelque chose d’inédit. Ces soldats deviennent sacrifiables, et il est dans votre intérêt de ne pas les blesser. Si vous ne mourez pas, vous pouvez quand même finir à l’hôpital, voire en prison, rendant le personnage indisponible pendant un certain temps.

Cela implique une gestion du recrutement en amont, mais aussi une attention toute particulière pour éviter les soucis dans les missions, les risques étant bien plus élevés qu’à l’accoutumée. Et c’est tout aussi inédit. Désolé de marquer le trait là-dessus, mais il n’y a pas à dire : c’est historique, et sans doute que d’autres essayeront à l’avenir de reproduire l’exploit.

Après, outre cet aspect multifaces, que reste-t-il ?

Un Black Mirror dans Londres, en gros

Sur le fond, il y a de très belles choses, et des propositions intéressantes. Difficile de ne pas penser en permanence à Black Mirror par rapport à la place de la technologie dans le quotidien des gens, dans les outils de répression et dans la manière dont on peut les contourner.

Comme dans les précédents opus, le cœur du gameplay demeure le hacking, avec notre portable magique relié à une IA, Bagley – seul personnage avec un peu de relief, la quantité de persos ayant rendu leur écriture et leur personnalité peu intéressantes (mais c’est un peu normal). On se retrouve à contrôler des drones (qui sont importants ici), scanner des zones pour trouver un interrupteur, déplacer une voiture à distance, distraire les ennemis… Et c’est un peu tout.

On serait presque un peu déçu de ne pas avoir retrouvé certaines des caractéristiques des premiers volets, comme appeler une clique contre une cible précise, changer la circulation… En soi, il vaut mieux un peu de nouveauté, mais c’est vrai que les possibilités d’action sont presque plus réduites qu’avant. Conséquence : le gameplay est un peu répétitif. Même les puzzles et autres petites difficultés au sein des missions, censées pimenter le tout, ne suffisent pas à ne pas rendre le jeu rébarbatif.

Pour ne pas aider, le jeu est un peu techniquement à la ramasse. On ne sait pas ce qu’il donnera sur les nouvelles consoles, mais sur la dernière génération, ce n’est vraiment pas le plus beau jeu que l’on ait pu voir, et certains éléments manquent de fluidité – pas la conduite, qui demeure très agréable car pas trop sensible justement.

Là-dessus, le vrai bon point est la reproduction hallucinante de Londres. Quiconque ayant visité la capitale britannique se rendra compte que le travail des équipes d’Ubisoft là-dessus est monumental. Se balader est un plaisir, et rarement une vraie ville aura été reproduite de manière aussi fidèle dans un jeu vidéo. Très propre, tout simplement.

Résultat : B

Ce nouveau Watch Dogs renouvelle sa recette avec une nouveauté hyper impressionnante, qui change ce gameplay un peu poussiéreux et qui nous fait passer outre ses qualités techniques un chouïa arriérées. Il ne faudrait pas résumer Legion à sa capacité à incarner des centaines de PNJ, car il a d’autres qualités, notamment sa représentation de Londres. Mais force est de reconnaître que ce tour de force reste l’une des seules raisons pour lesquelles nous n’avons pas lâché notre manette plus tôt.

Ce qu’on a aimé :

  • Le recrutement des PNJ, tellement audacieux mais tellement réussi.
  • La mort des personnages, vrai atout dans l’enjeu des missions.
  • L’aspect sandbox, qui le différencie pas mal des GTA-like.
  • Un Londres jamais aussi bien retranscrit en jeu.

Ce qu’on a moins aimé :

  • L’aspect un poil rébarbatif de certaines missions.
  • Pas mal de couacs techniques.