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Pourquoi sommes-nous si indulgents avec les jeux vidéo qui nous rendent nostalgiques ?

Pourquoi sommes-nous si indulgents avec les jeux vidéo qui nous rendent nostalgiques ?

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Par Konbini

Publié le

Au cinéma et en littérature aussi, le temps qui passe magnifie les œuvres.

Il y a deux mois, le trailer d’annonce du prochain opus de Fable, marquant une énième résurrection de la licence d’heroic fantasy créée en 2004 par l’équipe de Lionhead Studios, m’a totalement secoué.

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Pourtant, à l’image d’autres sagas de mon enfance capitalisant sur leur succès jusqu’au gavage, les derniers jeux Fable, sortis en 2010 et en 2012, m’avaient profondément déçu. En matière de jeu vidéo, je raisonne beaucoup à l’affect et il faut croire que les saveurs d’antan bousillent mon jugement.

C’est certainement le cas pour vous aussi : mon attachement d’enfance à des licences particulières me procure un plaisir qui dépasse celui du jeu. Le simple fait de posséder une jaquette ou une cartouche suffit à me rendre heureux.

Lorsque le nouvel épisode de l’une de mes sagas favorites est annoncé, je ne peux pas m’empêcher de mettre de côté ses petits défauts, histoire de prendre un bon shot de nostalgie. Pour cette même raison, je vais probablement me procurer le remake de Prince of Persia: The Sands of Time (2003), annoncé la semaine dernière lors de l’Ubisoft Forward.

Des exemples, j’en ai à la pelle : Jak and Daxter, Sly Cooper, Mount and Blade et Kingdom Hearts, autant de licences géniales qui m’auront toutes déçu avec leurs dernières itérations. Cela dit, les studios peuvent s’estimer heureux, car j’ai la seconde chance facile et je leur pardonne volontiers ces errances.

Si j’ai terminé Jak X: Combat Racing (2005), Sly Cooper: Thieves in Time (2013), Mount and Blade II: Bannerlord (2020) ou encore Kingdom Hearts Re:Coded (2008), c’est plus pour rendre hommage à l’amour que je portais à leur prédécesseur que par engouement pour ces jeux très moyens, à la limite d’être de bons recyclages.

L’économie de la nostalgie

Les remakes, reboot, suites et autres mises à niveau d’anciens jeux dans l’industrie témoignent de l’intérêt financier des studios à maintenir des licences juteuses à flot. Nintendo en tête, qui a d’ailleurs très bien compris la valeur de cette nostalgie et exploite sans souci notre affect pour vendre des copies.

Le succès tout récent des précommandes de Super Mario 3D All-Stars, réunissant Super Mario 64, Super Mario Sunshine et Super Mario Galaxy, en témoigne. Le bundle a d’ailleurs fini en rupture de stock moins d’une semaine après son annonce – alors que le jeu n’était même pas sorti.

Nombre d’entre nous évoquent avec passion l’époque de PES, de Call of Duty ou de Street Fighter tout en restant parfaitement conscients du peu d’efforts attribués au renouvellement de leurs gameplay, une fois qu’ils avaient trouvé la recette du succès.

De plus, la réexploitation de personnages marquants du jeu vidéo dans des crossover est rarement mal vue. En témoignent le succès de titres comme Mario & Sonic aux Jeux olympiques (2007), Professor Layton vs. Phoenix Wright: Ace Attorney (2013), Marvel vs. Capcom (2000, 2011, 2017) et évidemment, les Super Smash Bros. (1999, 2001, 2008, 2014, 2018).

Comprenez que le jeu vidéo est un éternel recommencement et que je ne suis visiblement pas le seul à aimer les concepts réchauffés.

À la recherche de valeurs sûres

Ça va encore plus loin. Parfois, des studios qui ressortent d’anciennes licences à succès arrivent même à me faire développer une nostalgie pour des jeux qui ne m’intéressaient pas à l’époque, comme Metal Gear Solid ou Star Fox. J’imagine un effet identique chez ceux qui découvrent Spyro, Rayman ou Crash Bandicoot avec leurs itérations récentes.

Je suis constamment à la recherche de ce frisson de nostalgie. L’explosion de pléthore de jeux indépendants au style retro/arcade dans les années 2010 démontre bien cette idée : le passé n’a jamais été aussi bankable.

Les licences qui nous ont marqués en disent beaucoup sur nous. Et pour répondre à la question du titre, si je suis aussi indulgent avec elles, je crois que c’est parce qu’elles me rappellent une époque où mon éveil aux jeux vidéo avait quelque chose de pur – comme presque tout ce qui a trait à l’enfance. Alors même si le prochain Fable me déçoit, cela ne m’empêchera pas d’y retourner.


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