Test : Call of Duty Cold War, quand la guerre froide sent un peu le réchauffé

Test : Call of Duty Cold War, quand la guerre froide sent un peu le réchauffé

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Par Arthur Cios

Publié le

Un épisode qui n'arrive pas à se trouver.

Le test a été effectué sur PlayStation 5 et Xbox Series X.

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Depuis de nombreuses années, Call of Duty s’est démarqué comme un incontournable annuel du FPS. Mais un Call of, a fortiori un Black Ops, c’est une multi-offre : une campagne solo qui, pour certains fans, demeure le cœur de l’entreprise, un multi en ligne devenu indispensable et el famoso mode zombies, une charnière indémodable.

Le nouveau volet, Cold War, était attendu au tournant. Déjà parce que c’était le premier à sortir sur les anciennes et nouvelles générations. Mais aussi parce qu’il retourne à des classiques du genre, présents dans le premier opus Black Ops, à savoir les conflits de la guerre froide. 

Une campagne légère, cliché et absurde

Au fil des jeux, la campagne est plus devenue plus un tutoriel pour mieux se préparer au multijoueur qu’une vraie histoire prenante. Pour qu’un jeu survive dans la durée, les éditeurs misent davantage sur le multijoueur. Reste que Call of est un des rares FPS du genre à proposer encore des campagnes.

Après un solo plutôt réussi sur le précédent volet, qui montrait l’envers du décor, essayait d’apporter un peu d’empathie aux victimes de la guerre et proposait de moments d’une force rare, ce nouveau volet nous offre tout l’inverse. Là où Modern Warfare était intelligent, subtil et profond, Cold War est stupide, cliché, lourdingue et sans queue ni tête. Le pastiche de séries B d’époque ne fonctionne plus.

À lire aussi : notre précédent test de Call of Duty : Modern Warfare (2019)

Sur le papier, la promesse n’est pas si mal : on rejoint une équipe spéciale, missionnée par Reagan pour arrêter un mercenaire ayant volé un missile nucléaire et souhaitant détruire le bloc de l’Ouest. Côté nostalgie, on apprécie de retrouver tous ces personnages de Black Ops (Mason, Woods, Hudson, etc.).

Avec un sujet assez politique et connaissant l’appétence de la franchise pour le patriotisme sauce “‘Murica fuck yeah !”, il y avait à craindre. Eh bien, les craintes sont devenues réalité. Aucune prise de recul, les gentils Américains sont formidables alors que les vilains Soviétiques communistes sont de sacrées pourritures. C’est franchement dommage. Un peu de subtilité aurait pu clairement décrasser les classiques scénarios d’action.

Et surtout, cela amène à du grand n’importe quoi. On massacre des Cubains à tour de bras, on infiltre le KGB, on tue littéralement toutes les personnes sur son chemin, et l’URSS ne répond pas… Pour rappel, en 1981, en pleine “guerre fraîche”, les relations entre les deux blocs sont déjà au summum de la tension depuis la crise de Cuba.

Petite mission d’infiltration tout en douceur en plein QG du KGB.

Pour le réalisme et la subtilité, on repassera, sans parler de la réécriture historique qui ferait pâlir les plus grands maccarthystes. On comprend l’idée de vouloir se replonger dans une époque où tout était blanc ou noir (ou plutôt rouge et bleu), et de rendre hommage aux films d’action d’époque. D’autant plus que la campagne est construite comme une enquête d’espionnage typique du cinéma des eighties.

La campagne nous offre quand même quelques bonnes idées, toujours sur ce modèle de film d’espionnage. Certaines phases de pause, d’observation d’indices ou encore de mission d’infiltration nous amènent pas à pas (en gros sabots) sur le dénouement de l’intrigue finale. Quelques excellentes idées d’infiltration donc, mais trop peu exploitées, du fait de la trop courte durée de l’entreprise.

Bon, on n’est pas sur des énigmes du Père Fouras non plus.

Oui, car avec neuf missions et quelques missions secondaires, vous serez vite débarrassé du tout en une dizaine d’heures au (très) grand maximum. Heureusement que, techniquement, le jeu reste assez sublime, notamment sur next gen. Les décors sont incroyables, et proposent tout un panel d’ambiances aux finitions impressionnantes : de Cuba au Vietnam en passant par les montagnes d’Asie centrale, au moins, on voyage.

Un multi bien… mais encore ?

Le multijoueur est évidemment une dimension essentielle de tout bon Call of Duty, de nombreux joueurs ne jugeant d’ailleurs que par ce dernier. À première vue, Black Ops Cold War semble avoir choisi une direction plus “arcade” que son prédécesseur Modern Warfare. Dans la lignée de la série développée par Treyarch, la vitesse a été augmentée pour des combats d’une nervosité sans appel.

Cependant, cette rapidité se paye beaucoup trop sur l’expérience générale. Le pistolet-mitrailleur (MP5) par exemple est devenu beaucoup trop puissant et précis, même de loin, notamment à cause de son manque de recul évident. Ne soyez donc pas étonné si vous ne voyez que ça dans les serveurs. À l’inverse, le sniper, à part pour quelques cartes, est quasiment déconseillé.

Sur les premières parties, on ne se rend pas forcément compte de différences flagrantes avec le multi de Modern Warfare – ce qui pose déjà problème en soi. Mais dans le détail, c’est pire : l’ambiance sonore est plus brouillonne (difficile de savoir exactement d’où viennent les tirs) et les possibilités de gameplay semblent réduites.

De plus, avec seulement huit maps et quelques “nouveaux” modes assez anecdotiques comme “Armes combinées” ou encore “Escorter le VIP”, on n’en a pas vraiment pour notre argent.

Enfin, dans la conception même, de gros problèmes peuvent arriver (selon les cartes). Les réapparitions trop hasardeuses, si elles ne sont pas fixes, vous exposeront de nombreuses fois à d’injustes spawnkills. De plus, certaines cartes, notamment dans le nouveau mode “Armes combinées”, semblent être souvent sans issue dans leurs objectifs de victoire, se soldant souvent par un prétexte pour monter son KDA. 

Rien de bien nouveau sous les tropiques donc, et même parfois un ressenti de régression par rapport à Modern Warfare. Quelques purs bugs de conception sont même à déplorer, même s’ils seront probablement corrigés.

Heureusement, il y a les zombies

Un Black Ops ne peut pas être envisagé sans un bon vieux mode zombies. Ici, la recette reste plutôt inchangée, mais ce n’est pas tellement grave. On retrouve tous les éléments qui donnent le charme à ce mode, avec toujours un moment bien WTF de dimension parallèle. Humour et gore sont toujours et rendez-vous et la difficulté reste bien dosée, vous permettant cette fois de commencer avec l’arme de votre choix.

Reposant toujours sur cette même structure de montée en puissance, de pièces à ouvrir et d’armes à acheter/améliorer avec l’argent récolté à force de dégommer du nazi cadavérique, le concept tient toujours la route. La nouvelle carte “Die Maschine” est très réussie et suffira peut-être à contenir les attentes des plus vétérans du mode – et au moins, en pleine journée, on y voit quelque chose.

Résultats : C+

Call of Duty: Black Ops Cold War ne convainc pas. Il ne propose pas une expérience drastiquement différente de Modern Warfare sur le multi et ne s’inspire pas des réussites de ce dernier sur le solo. Même le côté “nostalgie” de la série Black Ops ne se ressent pas, à l’exception du correct mode zombies qui fait toujours plaisir. Un épisode dont on pourrait se passer donc, y compris certains “semi-fans” qui peuvent encore s’amuser sur Warzone.

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