Test et fact-checking : Cyberpunk 2077 a-t-il tenu ses promesses ?

Test et fact-checking : Cyberpunk 2077 a-t-il tenu ses promesses ?

photo de profil

Par Pierre Bazin

Publié le

Le jeu de CD Projekt est à la barre.

Cyberpunk 2077 est là. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a beaucoup fait parler de lui avant sa sortie (maintes fois retardée) et le jour J. Le jeu de CD Projekt, studio polonais à l’origine de l’excellent The Witcher 3, a promis de nombreuses choses en amont, si bien que le titre est devenu le jeu vidéo le plus attendu de l’année, si ce n’est de la décennie, à en entendre certains.

À voir aussi sur Konbini

Pourtant, les premières critiques ne sont pas unanimes. Dans l’ensemble, elles sont bonnes, voire très bonnes, mais on a l’impression, en les lisant, qu’il manque quelque chose. Ce petit “plus” qui fait que Cyberpunk 2077 aurait pu entrer au panthéon du jeu vidéo aux côtés de God of War, GTA V, Breath of the Wild ou encore… The Witcher 3.

Ne tournons pas autour du pot : Cyberpunk 2077 est objectivement un bon jeu, il est beau, il est complet, il a des ambitions. Mais après les nombreux retards annoncés, les engagements brisés de CD Projekt pour éviter le crunch et les promesses faites par le studio quant à la qualité du jeu, les attentes ont été exacerbées.

Pour ne pas faire de procès d’intention, cet article aura pour but de vérifier, point par point, les promesses faites en amont par CD Projekt et voir si elles se vérifient après que nous avons testé le jeu pendant une bonne cinquantaine d’heures.

Les graphismes : sans faute… sur gros PC

It will look more breathtaking than anything we’ve seen before” : des graphismes à couper le souffle comme nous n’en avons jamais vus jusqu’ici, voilà ce que promettait le producteur de CD Projekt, John Mamais, en février 2020. Avec une RTX 2070 Super, on ne peut que dire que la promesse est tenue.

Les effets sont saisissants, le ray tracing est d’une qualité grandiose, la ville de Night City s’illumine à chaque instant et dès que l’on tourne la tête. De ce point de vue, Cyberpunk réussit son pari d’apparaître comme un potentiel étalon graphique pour les jeux à venir.

Mais cela concerne le PC. Pour les consoles, c’est une autre histoire… Les premiers aperçus du jeu sur PS4 et Xbox One sont réellement effarants :

Chargement du twitt...

Côté sound design, OST et choix de radios, <em>Cyberpunk 2077</em> signe un sans-faute. (© CD Projekt)

La carte et l’open world : promesses tenues mais incomprises ?

De nombreux tests en parlent, certains joueurs et joueuses s’en plaignent : la carte de Cyberpunk 2077 est bien plus petite que celle de The Witcher 3. Pourtant, c’est ce qu’avait prévu le développeur Richard Borzymowski à l’occasion de la Gamescom 2019 : “Une carte plus petite mais plus dense.”

Cela a été répété à bien des occurrences par CD Projekt, mais la ville de Night City est un “personnage” à part entière. Et cela se ressent vraiment, dans sa dimension futuriste évidemment, mais surtout dans son atmosphère tentaculaire, tantôt oppressante, tantôt magnifique.

(© CD Projekt)

Il avait aussi été annoncé qu’un “certain nombre de bâtiments pourraient être visités de l’intérieur” et c’est vrai. De nombreux édifices possèdent leur porte et des étages (et missions annexes souvent). Il y en a beaucoup et il faut admettre que la plupart se distinguent les uns des autres – pas tous, soyons honnêtes.

La carte ne s’arrête d’ailleurs pas à de grands gratte-ciel pleins de néons. Qu’il s’agisse des quartiers “malfamés” de Pacifica (où on parle le créole haïtien), des Badlands arides où vivent les nomades ou encore de la multitude de quartiers communautaires qui jonchent Night City, la diversité des paysages est de mise.

Alors, certes, la carte peut tout de même paraître un peu légère au bout d’un moment, mais en se baladant suffisamment (aidé par un exemplaire système de guidage), on reste surpris après plusieurs dizaines d’heures de jeu.

“Cyberpunk vous laisse choisir” : non

Ici, il faut admettre que CD Projekt n’a pas été complètement honnête. On nous avait déjà annoncé le choix entre les trois “prologues” mais, honnêtement, ces derniers se rejoignent très vite dans une quête principale unique qui se termine en une vingtaine d’heures (moins si vous foncez). De ce côté-là, la déception est palpable, on aurait aimé un bien meilleur rab.

Il était aussi question de multiples fins possibles, comme dans The Witcher 3. C’est bien le cas, mais certaines endings se différencient peu. La plupart du temps, ce sont seulement quelques choix finaux qui décideront de votre destinée pré-générique de fin.

Enfin, quant à la promesse de pouvoir “finir le jeu sans tuer personne”, elle est techniquement vraie… mais cela consiste juste à tabasser tous vos adversaires avec des armes contondantes ou des balles non létales : clairement rien de bien différent d’une approche meurtrière “classique”.

La manipulation des “piratages rapides” en combat reste assez intuitive. (© CD Projekt)

“Une customisation exemplaire” : meh

CD Projekt nous a promis une quantité astronomique d’armes, d’accessoires et d’équipements cybernétiques pour une expérience personnalisée optimale. Dans l’absolu, oui, vous pouvez adapter de nombreuses choses selon vos goûts. Dans les faits, le tout ne reste pas très impactant sur votre manière de jouer. Les combats au corps-à-corps sont assez brouillons et les armes assez “classiques” finalement.

En poussant le détail, vous pourrez tout de même vous amuser à réfléchir à la meilleure synergie entre vos extensions cybernétiques, vos options de piratage et vos armes… ou vous pourrez foncer dans le tas comme le dernier des inconscients sans risquer quoi que ce soit.

Le système des compétences est assez complet, mais il ne changera pas non plus intégralement votre manière de jouer. (© CD Projekt)

Une histoire horizontale “faite à la main”

On arrive à une grosse force du jeu : la densité des activités proposées. Elles sont nombreuses et honnêtement toutes très variées, comme promis. L’histoire principale, elle, bien que très correcte et cinématographiquement grandiose, nous laisse un peu sur notre faim.

En revanche, les quêtes secondaires et les missions annexes sont superbes. Probablement un des plus gros points forts du jeu : on ne s’ennuie jamais quand on sort des sentiers battus.

Vous vous laisserez surprendre à explorer tous les recoins de la ville, en apprenant toujours un peu plus sur la diversité de personnages qui composent Night City. Les enjeux de la ville, de la technologie omniprésente, l’état géopolitique en 2077, la puissance des corpos ou des bandes illégales : le monde de Cyberpunk 2077 est riche, pour un peu qu’on veuille le creuser.

C’est totalement immersif, on ne sort jamais de l’expérience

L’immersion était peut-être un des plus gros points à gérer pour Cyberpunk 2077. Le choix de porter l’action à la première personne avait d’ailleurs été justifié pour cette raison, malgré des déceptions chez certains fans.

Cyberpunk est immersif. Cela se ressent particulièrement avec la synergie entre des options de gameplay et les différentes prothèses cybernétiques (notamment des yeux). L’environnement reste aussi très réussi, que ce soit les petites phrases entendues à gauche, à droite (en différentes langues), les évènements soudains et aléatoires (quoiqu’un peu répétitifs) restent très maîtrisés dans l’ensemble.

Évitez la vue subjective pour la conduite. Surtout dans le désert. (© CD Projekt)

Enfin la conduite, très “arcade” et peu perfectionnée est digne d’un GTA IV, tout au plus. Force est de constater qu’au volant d’une voiture ou d’une moto, on sort un peu de l’univers.

Il y a beaucoup de sexe

Oui. (On vous laisse vérifier.)

(© CD Projekt)

Avait-on vraiment compris ce que serait Cyberpunk 2077 ?

Il y a des critiques envers Cyberpunk qui sont légitimes. Les bugs trop présents (sur PC, nous, ça allait), la qualité flat des consoles horrible, tout cela est inacceptable. Pour un jeu qui a accumulé autant de retard et usé de crunch pour atteindre ses objectifs, alors même qu’on nous avait promis le contraire, une certaine colère est légitime.

En revanche, sur le jeu en soi, force est de constater que l’écart entre les attentes de joueurs et la réalité est le fruit de nombreuses incompréhensions ou interprétations trop avancées. Certains s’imaginaient un “GTA du futur” d’autres attendaient un “cyber-Witcher” tandis que plusieurs espéraient une suite spirituelle de Deus Ex.

Cyberpunk 2077 n’est rien de tout ça et un peu tout à la fois en même temps. C’est un excellent jeu qui reprend tous les codes du genre, très inspiré par son matériel de base (le jeu de rôle de Mike Pondsmith) et des grandes références comme Bladerunner. C’est une claque visuelle (pour ceux qui en ont les moyens) qui promet, on vous l’assure, de longues heures à explorer ce monde, pour un peu que vous soyez curieux.

Peut-être que l’attente n’a fait que générer toujours d’extrapolations. On s’attendait à un 20/20, un S+, un jeu panthéonisé auprès des plus grands. Pour autant, on ne boude pas son plaisir.

Notre note : A + (dans les rues de Night City)

Pour nous écrire : hellokonbinitechno@konbini.com