Autrefois stars de YouTube, les chats en sont désormais des spectateurs assidus

Autrefois stars de YouTube, les chats en sont désormais des spectateurs assidus

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Par Pierre Bazin

Publié le

La routourne a tourné : maintenant, les chats regardent des vidéos d'autres animaux.

Ces 20 dernières années ont été marquées par l’émergence d’Internet et des vidéos virales, mais pas seulement… La prise de conscience du pouvoir hypnotique et fascinatoire des chats, ainsi que de leurs (in)activités, a été la véritable révélation du deuxième millénaire.

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De “Nyan Cat” à “Grumpy Cat”, en passant par le “Keyboard Cat”, les félins ont dominé le World Wide Web pendant de longues années, devenant l’épicentre de mèmes tordants. Malheureusement, dans notre monde ultra-libéral et consumériste, la concurrence est rude car, depuis lors, loutres, oiseaux et reptiles sont arrivés sur le créneau.

La retraite YouTube pour les chats ?

C’est le média Wired qui a détecté cet inversement historique des rôles : les chats ne sont plus les stars incontestées et exclusives de YouTube mais en sont devenus une audience émergente. On peut désormais trouver de nombreuses vidéos à destination de nos amis félins, à visionner sur télé ou tablette.

Des chaînes qui s’adressent exclusivement aux chats, telles que “Handsome Nature” ou “Videos for Your Cat“, rassemblent des centaines de vidéos et cumulent des millions de vues. Très souvent, il s’agit de longues boucles de vidéo montrant certaines des proies favorites des chats, en grande majorité des oiseaux. “Mouse Videos for Cats to Watch ? Cat TV“, par exemple, a été uploadée il y a trois ans par le créateur Paul Dinning et comptabilise aujourd’hui presque 10 millions de vues.

Outre les vidéos ornithologiques, les contenus à destination des chats se diversifient de plus en plus. La chaîne Cat Games met en ligne des vidéos plus courtes avec… d’autres proies :  il faut “attraper” des poissons rouges ou encore des souris.

Interrogé par Wired, Earnest Pettie, chef des données “Culture et Tendances” chez YouTube, annonce qu’en 2019, plus de 55 millions de vidéos contenant dans leur titre les termes “vidéos pour chats” avaient été visionnées sur la plateforme. En hausse de 41% par rapport à 2018, cette mode ferait apparaître des créations encore plus insolites comme des films pour chats, tendance émergente selon Pettie.

Quant aux commentaires sous ces vidéos, ils sont éloquents. Même si on sait qu’évidemment se cachent parmi eux des félins désormais capables d’écrire sur Internet (l’étape avant la domination pleine et entière du monde).

Commentaires sous la vidéo ” <em>Videos for Cats to Watch – 8 Hour Bird Bonanza</em>” © YouTube

Des effets bénéfiques selon plusieurs experts

Les experts chatologues abondent dans ce sens : en 2008, déjà, une étude menée sur des chats de refuge avait conclu que des vidéos d’animaux appréciés en tant que proies par les félins présentaient un fort potentiel d’enrichissement cognitif pour les chats domestiques. La comportementaliste féline Ingrid Johnson avance, de son côté, que ces vidéos sont plus stimulantes qu’un bête pointeur laser car elles proposent un environnement plus riche et “réaliste”.

Autre argument de poids : la “Indoor Pet Initiative” du College of Veterinary Medicine de l’Ohio State University, initiative scientifique qui vise à améliorer le bien-être des animaux domestiques partage aussi cet avis. Une des co-auteures, la vétérinaire et professeure Meghan Herron, explique à Wired que YouTube exploite efficacement les terminaisons nerveuses des félins :

“Les chats ne sont pas aussi domestiqués que nos amis canins (…). Leur instinct prédateur est toujours très en place, donc c’est juste cette partie innée de leur cerveau qui réagit au mouvement rapide. Il déclenche la séquence prédatrice : s‘arrêter, traquer, regarder, bondir et saisir.”

Quid des meilleurs amis/ennemis des chats : les chiens ? Selon YouTube, les “vidéos pour chiens” n’ont enregistré “que” six millions de vues l’année dernière, quasiment dix fois moins que les chats. Les chiens, plus terre à terre, sont encore loin de céder aux plaisirs virtuels.