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Comment YouTube m’a fait sombrer dans le pire de la vidéo satisfaisante

Comment YouTube m’a fait sombrer dans le pire de la vidéo satisfaisante

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© Montage : Konbini techno

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Par bgiudicelli

Publié le

J’en ai maté pendant des heures et, aujourd’hui, je ne pourrais plus en regarder une seule.

Je suis un très gros consommateur de YouTube. J’y traîne pas moins de deux heures par jour et je suis abonné à l’offre Premium (oui, je sais, pas de quoi s’en vanter).

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Je fonctionne par phases : aquarium, plomberie, mécanique, montres, etc. Récemment, j’ai traversé une phase très sombre, dont je viens à peine de sortir puisque ma home page est enfin clean : les algorithmes ne me suggèrent plus aucune vidéo “satisfaisante glauque”.

Étape 1 : les slimes

Au tout début, quand j’étais encore innocent, je regardais de temps en temps une vidéo sur les slimes. Le slime, c’est le grand classique de la vidéo dite “satisfaisante”, apprécié surtout par les collégiennes (et visiblement par moi, homme de 27 ans). Jugez par vous-même :

Étape 2 : la destruction

Rapidement, l’algorithme a fait évoluer mes goûts. On m’a suggéré des vidéos satisfaisantes, basées sur un principe de destruction comme la presse hydraulique (encore un grand classique). Certains d’entre vous connaissent aussi la voiture

Étape 3 : Dr. Sandra Lee (aka Dr. Pimple Popper)

Et d’un coup, YouTube, comme pour me tester, a mis la barre encore plus haut en me suggérant la vidéo d’une femme qui retire des poils incarnés (le “ingrown hair removal“), en gros plan, très gros plan. De la destruction, on est passé à l’extraction.

Comme je suis très curieux et que je clique sur ce que je ne connais pas, je commence à mater. Ça marche : je trouve ça extrêmement satisfaisant. Et même plus satisfaisant que ce que j’avais vu jusque-là.

Et donc, qu’est-ce que je fais ? Pas le choix, je me plonge dans la chaîne du Dr. Sandra Lee, suivie par 7 millions de personnes (même elle avoue être stupéfaite par l’audience monstrueuse de sa chaîne).

Quand je découvre une nouvelle chaîne, je procède toujours ainsi : je commence par regarder les dix vidéos les plus populaires pour me faire un avis. Ces dix vidéos du Dr. Sandra Lee, elles, sont juste atroces et abominables, mais je les ai toutes regardées du début à la fin. On n’y trouve plus du tout des poils incarnés, mais de l’extraction biologique en tout genre. Si vous allez voir ces vidéos, accrochez-vous, c’est dur.

Étape 4 : le cérumen

Je commence à me dégoûter moi-même d’apprécier ces vidéos. Pour la première fois, je ne veux pas que ma copine voie mon écran quand on se retrouve côte à côte dans le lit – alors que d’habitude, je ne lui épargne aucune de mes phases.

Sur un registre moins gore mais encore plus satisfaisant, je croise en chemin des vidéos d’extraction de cérumen (mot-clé : “earwax extractions“), la cire qui se trouve dans nos oreilles. Mon passage préféré commence à 7:00” :

Étape 5 : les animaux 

Des vidéos d’earwax, j’en ai maté un paquet (au moins 20), jusqu’à ce que je touche le fond. Les algos de YouTube m’ont alors emmené en douceur vers des vidéos animalières. Dans cette vidéo vue plus de 15 millions de fois, une femme retire des mouches parasites (les “bot flies“) d’un écureuil. C’est plus gore que ce que j’ai vu jusque-là, mais la satisfaction continue à prendre le dessus.

Comme je suis un acharné des mots-clés, je tape “bot fly” dans la barre de recherche. Il y en a plein d’autres, je m’en mate un paquet. Et des “bot fly“, je passe aux “mangoworms“, le pire du pire. Et je vous en supplie, ne commettez pas la même erreur, ne tapez jamais “mangoworms” sur YouTube. Car rapidement on atterrit sur la chaîne d’un véto en Gambie qui extrait les larves à des chiens de rue. Je ne peux que vous déconseiller d’y aller.

Étape 6 : la reconstruction

Il aura fallu un mois aux algorithmes pour me faire passer du slime aux larves des chiens de rue. Je ne blâme pas YouTube. Je suis bien conscient d’être l’unique responsable de ma déchéance car c’est bien moi qui ai cliqué sur les boutons “Play” et qui ai tapé des mots-clés très spécifiques dans la barre de recherche.

Suis-je le seul à m’être fait embarquer par les algorithmes de YouTube dans cette dérive de la satisfaction ? Je ne pense pas. Les vidéos de “mangoworms“, qui me paraissent tout de même être très niche, sont vues par des millions de personnes qui, comme moi, ont dû être guidées, étape par étape, par l’algorithme.

Aujourd’hui, j’estime être guéri. Ma phase “vidéos satisfaisantes” est révolue et YouTube ne me suggère plus rien de ce genre. Quoique… l’écriture de cet article pourrait peut-être réveiller l’algorithme.

Étape 7 (bonus) : le réconfort

Pour ceux qui sont arrivés jusqu’au bout de cet article et qui n’ont pas eu la force de cliquer sur la chaîne du véto en Gambie (ou qui ont cliqué et ont besoin de réconfort), voici une vidéo satisfaisante avec un chien :

Pour nous écrire : hellokonbinitechno@konbini.com