Data : voilà comment on prononce “gif” dans différents pays du monde

Data : voilà comment on prononce “gif” dans différents pays du monde

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Par Thibault Prévost

Publié le

Grâce à un sondage réunissant plus de 50 000 témoignages, The Economist a pu dresser une carte mondiale de la prononciation de “gif”. Que le débat commence.

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Certains débats semblent exister pour diviser l’humanité jusqu’aux confins de son existence – Dieu existe-t-il ? Sommes-nous seuls dans l’univers ? Quel est le sens de l’existence ? Un pain au chocolat est-il une chocolatine ? -, tant pour satisfaire l’insatiable curiosité de l’être humain que pour égayer ses mornes discussions de soirée avec des inconnus. Les époques changent, les questionnements existentiels restent, et il est donc parfaitement normal que notre ère, dominée par la quête permanente de vacuité numérique, ait vu naître son propre dilemme, sorte d’affaire Dreyfus planétaire qui enflamme les discussions de table autant que les comment sections des plateformes communautaires : comment diable prononce-t-on “gif” ?

N’essayons pas d’y répondre dans ce papier, l’entreprise serait vaine. Rappelons néanmoins sa définition, pour débuter : “gif” signifie “Graphics Interchange Format”, et son invention est antérieure au Web lui-même. Depuis l’explosion du format animé ces dernières années, l’acronyme devenu nom commun puis verbe a colonisé le Web avant d’entrer dans les différents dictionnaires – en France, il a finalement rejoint les rangs du petit Larousse en 2017 – et d’être voté “mot de l’année” par l’Oxford Dictionary en 2012. Et côté prononciation, alors ? Le “g” signifiant “graphic”, on serait tenté de le prononcer avec un “g” dur… et pourtant. Selon Steve Wilhite et les employés de CompuServe, à l’origine du format, le nom était un clin d’œil délibéré à la marque de beurre de cacahuètes américaine Jif, et doit donc être prononcé comme tel. Las ! La société en décidera autrement, et le débat a même sa page officielle – attention les yeux, on est sur du retro-Internet vénère. Quant aux dicos, tant français qu’anglais, ils ont joué la carte de la neutralité en validant les deux prononciations (par peur de représailles, probablement).

La bataille est serrée

Le débat fait donc rage, mais dans quelles proportions ? Qui prononce gif, qui prononce jif ? Pour tenter de le savoir, The Economist s’est appuyé sur un sondage de Stack Overflow, un forum de programmeurs qui a récolté plus de 50 000 avis répartis sur 200 pays, et a publié une visualisation sous forme de carte du monde de la prononciation. Au premier abord, c’est la prononciation avec le “g” qui semble largement l’emporter, avec 65 % des suffrages contre 26 % pour le “j”. Un raz-de-marée. Un coup d’État. Un putsch. Devinez quoi ? La France fait apparemment partie du camp des vaincus.

Seulement, comme le fait remarquer The Economist, le sondage effectué par Stack Overflow peut également être considéré comme biaisé : les tenants du “g” représentent 45 % de la population mondiale mais comptent pour 79 % des réponses au sondage. Une fois les déséquilibres statistiques corrigés, la bataille est autrement plus serrée : le “g” arrive toujours en tête, mais par seulement 44 % contre 32 % pour le “j”. Mais la plus grande révélation du sondage est probablement celle de l’existence d’un alien lexicographique, la prononciation de “gif” comme un acronyme anglicisé, soit “G-I-F” ou “gee-eye-eff”, présent dans 21 % de la population mondiale et particulièrement en Chine et en Corée du Sud. Le clan des partisans du “g” se situe principalement en Europe et aux États-Unis (oui, la France est dans l’autre camp, évidemment), tandis que le “j” se retrouve principalement en Asie et dans les “pays émergents”, que The Economist ne prend visiblement pas la peine de différencier en continents. Qu’ils se rassurent, ce sont eux – ET LA FRANCE – qui ont raison.

Et on dit “pain au chocolat”, un point c’est tout.