En Inde, des robots pourraient enfin mettre un terme au nettoyage manuel des excréments

En Inde, des robots pourraient enfin mettre un terme au nettoyage manuel des excréments

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Par Benjamin Bruel

Publié le

Bandicoot, le petit robot des égouts, part à la rescousse des nettoyeurs manuels.

Beaucoup le considèrent comme le pire métier du monde : le manual scavenging, littéralement “nettoyage manuel”, consiste à récurer et vider à la main les excréments des toilettes publiques, fosses septiques, égouts et autres toilettes sèches. C’est un métier insalubre, dangereux et, surtout, illégal depuis 1993 dans l’ensemble de l’Inde.

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Pourtant, les autorités indiennes estiment que près de 200 000 personnes exercent encore cette activité au quotidien dans le pays – tandis que certaines associations penchent plus pour le nombre de 700 000 personnes. Ces travailleurs viennent pour la plupart de la caste des Banghi, dont le nom signifie “identité brisée” en hindi, une caste considérée comme intouchable en Inde.

Au début de ce mois de septembre, la Cour suprême indienne a affirmé qu’il s’agissait du “moins civilisé et du plus inhumain” des métiers et a fermement appelé le gouvernement à réagir. “Nulle part ailleurs dans le monde, des citoyens sont envoyés dans des chambres à gaz pour mourir”, s’est insurgé le procureur général face à l’inaction des pouvoirs publics.

Remplacer les hommes par des robots, ce serait pas si mal

Et si le monde de la tech pouvait apporter une solution avec des robots ? Et si les travailleurs employés actuellement pour nettoyer les excréments étaient formés à l’utilisation et la réparation de ces mêmes robots ? En mai, le gouvernement de Delhi a déployé les 200 premières machines capables de nettoyer les égouts et les fosses septiques à la place de travailleurs humains.

La start-up GenRobotic Innovations déploie peu à peu son robot, surnommé Bandicoot et développé depuis 2015. Bandicoot, qui pèse une cinquantaine de kilos, possède un bras robotique capable de se tourner sur 360 degrés et de saisir des détritus pour les mettre dans un grand seau. Il est aussi doté d’un jet d’eau de nettoyage et d’une caméra pour le contrôle de l’opération.

Les robots contre les mœurs

Depuis la mise sur le marché de ce robot il y a quelques mois, 25 exemplaires ont été vendus dans sept États différents. Ses créateurs considèrent qu’il réalise en 20 minutes le travail de trois nettoyeurs manuels en deux heures. D’autres entreprises, comme Sanitor avec son Sewer Croc, ont mis au point des solutions tech pour améliorer les conditions de travail des nettoyeurs manuels. Comme Bandicoot, Sewer Croc est un objet créé pour se rendre dans les égouts et les fosses pour en nettoyer le contenu.

Ces solutions, si efficaces soient-elles, sont encore marginales en Inde. De nombreux activistes, tout en soulignant l’intérêt de ces robots, considèrent qu’ils ne peuvent mettre à eux seuls un terme à ces pratiques, intimement liées au système des castes et à l’histoire du pays – et, surtout, que le gouvernement doit avant tout déploiement technologique, reconnaître l’existence des nettoyeurs d’excréments humains.