Envie de faire l’amour avec un robot ? Pas de panique, vous êtes juste digisexuel

Envie de faire l’amour avec un robot ? Pas de panique, vous êtes juste digisexuel

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

L’amour entre des humains et des entités numériques ? Deux chercheurs viennent de conceptualiser ce phénomène naissant.

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La digisexualité est en route ! Telle est la thèse récente de deux chercheurs, Neil McArthur et Markie L. C. Twist, l’un en philosophie à l’université du Manitoba (Canada), l’autre en thérapie sexuelle à l’université du Wisconsin–Stout (États-Unis).

Dans un article paru le 17 novembre 2017 dans la publication Sexual and Relationship Therapy, les deux chercheurs ont essayé de comprendre comment les nouvelles technologies allaient avoir une influence sur la sexualité d’une partie de la population.

La digisexualité soft

La digisexualité, c’est quoi ? C’est une pratique sexuelle qui a recours aux nouvelles technologies. Il y a (et aura de plus en plus) des digisexuels, comme il y a des fétichistes, des polyamoureux ou des sadomasochistes. Cette pratique n’est pas tout à fait nouvelle, rappellent les chercheurs. Le monde a en effet connu une première secousse avec la naissance et le développement d’Internet.

Dans cette première vague de la digisexualité, il y a la branche que l’on pourrait qualifier de “contemplative” : les vidéos porno bien sûr et, moins connu, le porno vidéoludique, tel le jeu Femdomination, dans lequel on visite un univers débordant de luxure, tout seul face au logiciel.

Mais il y a aussi la branche interactionnelle qui, elle, nous met en rapport avec d’autres humains. Dans cette catégorie, on retrouve tous les sites et applis de rencontre (Tinder & Co), les jeux vidéo permettant d’avoir des relations sexuelles avec des avatars de personnes bien réelles, comme 3DXChat, les détournements des grands classiques tels Skype ou Snapchat à des fins sexuelles, ou encore la télédildonique qui permet de faire l’amour à distance avec des sex-toys

La digisexualité pure et dure

Mais voilà, selon les deux chercheurs, l’intelligence artificielle va rapidement nous faire entrer dans la deuxième vague de la digisexualité. Et c’est là que les choses sérieuses commencent. Car la technologie ne servira plus à nous mettre en relation avec d’autres humains. La sexualité sera entièrement déshumanisée et faite de relations sur-mesure.

Deux domaines vont faire exploser la digisexualité : la réalité virtuelle (VR) et les robots sexuels, appelés “sexbots”. Pour ce qui est de la VR, les technologies ont progressé au même rythme que d’étranges (et douteuses) pratiques comme des gens qui modélisent en 3D leurs ex…

Les androïdes nous amènent de plus en plus dans “la vallée de l’étrange”, théorie selon laquelle plus un robot ressemble à un être humain, plus ses imperfections nous apparaissent monstrueuses. Un exemple avec Erica :

Et donc ?

Au-delà du constat, les deux scientifiques défendent, au fil de la publication, trois idées :

  • La digisexualité n’est pas une mauvaise chose. Pour certains, le plaisir augmentera. Pour ceux qui n’ont pas de partenaire sexuel satisfaisant (voire pas du tout de partenaire), ce sera aussi une excellente chose.
  • Dans un premier temps, les digisexuels risquent d’être stigmatisés par les médias et le grand public, comme à chaque fois qu’apparaît une minorité sexuelle. Il convient donc d’analyser et de nommer le phénomène dès maintenant.
  • Enfin, la digisexualité pose des questions et, a fortiori, des problèmes. Ces relations numériques seront-elles considérées comme de la tromperie ? Certaines personnes risquent-elles de dilapider leur argent dans les sexbots et leur entretien ? Quels comportements provoqueront l’anonymat ? Autant de points d’interrogation auxquels les psychologues devraient se frotter dès à présent.