Huawei, la 5G et la France : c’est plutôt mal barré

Huawei, la 5G et la France : c’est plutôt mal barré

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DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

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Par Konbini Techno

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Une mauvaise nouvelle pour SFR et Bouygues Telecom.

L’avenir du géant chinois des télécoms, Huawei, sur le marché de la 5G en France s’est sérieusement obscurci : l’agence nationale chargée de la sécurité informatique (Anssi), le QG de la cyberdéfense française, a fait savoir qu’elle restreindrait fortement les autorisations d’exploitation des opérateurs français partenaires du groupe.

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“Ce que je peux dire, c’est qu’il n’y aura pas un bannissement total. Les opérateurs qui n’utilisent pas Huawei, nous les incitons à ne pas y aller, car c’est un peu le sens naturel des choses. Ceux qui l’utilisent déjà, nous délivrons des autorisations dont la durée varie entre trois et huit ans”, a déclaré Guillaume Poupard, le directeur général de l’Anssi, chargé par le gouvernement d’instruire ce dossier, dans un entretien au journal Les Échos. Pour autant, “nous ne sommes pas dans du ‘Huawei bashing’, ni dans du racisme anti-chinois”, a assuré M. Poupard.

Seuls trois équipementiers télécoms, les européens Nokia et Ericsson et le chinois Huawei, sont capables de fournir les équipements pour les futurs réseaux 5G, le futur système de télécommunication mobile. Ces décisions, qui vont bien au-delà du simple aspect industriel, interviennent sur fond de tensions diplomatiques persistantes entre Washington et Pékin : les États-Unis font en effet pression sur leurs alliés, afin qu’ils bannissent Huawei pour des raisons de sécurité, invoquant sa proximité avec le gouvernement chinois. L’entreprise a toujours démenti ces allégations.

Quoi qu’il en soit, l’enjeu est particulièrement important en France pour les opérateurs SFR (Altice) et Bouygues Telecom, qui utilisent déjà des antennes Huawei dans leurs réseaux 4G et veulent s’appuyer dessus pour déployer la 5G.

Les opérateurs veulent des compensations

Les deux opérateurs s’inquiètent de devoir changer d’équipementier ou même démonter leurs anciens équipements en cas d’incompatibilité. Ils ont prévenu qu’ils demanderont une compensation, si l’État barre la route au groupe chinois.

“Ce que l’on fait sur la 5G en France, c’est un compromis. Il faut développer la 5G dans des conditions économiques acceptables pour les opérateurs télécoms et aussi souveraines, qui nous permettent de ne pas être dépendants de tel ou tel équipement ou pays”, a tenté de déminer le directeur de l’Anssi.

“Nous sommes dans une gestion de risques. Tous les équipementiers télécoms ne se valent pas. Je ne cite pas de nom, mais il est clair que l’on n’est pas dans les mêmes risques quand on parle d’équipements chinois ou américains. Nous sommes prudents vis-à-vis des équipementiers non-européens, évidemment, tout comme nous le serions aussi, par exemple, si tous les opérateurs avaient recours au même équipementier, même s’il était français – ce serait catastrophique […]. La question, c’est juste celle de la souveraineté”, a ajouté M. Poupard.

Une autre inconnue pèse sur le déploiement de cette nouvelle technologie : le 21 juin, la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, a annoncé avoir demandé au Premier ministre d’attendre l’évaluation des effets sanitaires de la 5G par l’Anses – espérée pour la fin du premier trimestre 2021 – avant de la déployer.

Le Conseil d’État, saisi par des associations inquiètes des potentiels effets néfastes de la 5G sur la santé et l’environnement, doit se prononcer prochainement.

Konbini techno, avec AFP