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La Russie a décidé de “ralentir” Twitter

La Russie a décidé de “ralentir” Twitter

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© Alexey NIKOLSKY / Sputnik / AFP

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Pour l'instant, les pages mettent quelques secondes de plus à s'actualiser.

La Russie a annoncé mercredi “ralentir” le fonctionnement de Twitter, accusé de ne pas supprimer des contenus “illégaux”, un premier coup de semonce illustrant les tensions croissantes entre Moscou et les géants des réseaux sociaux.

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Les autorités russes ont multiplié les critiques à l’égard des américains Twitter, Facebook et YouTube, mais aussi envers le chinois TikTok, dénonçant leur toute-puissance et critiquant leur modération des contenus, notamment politiques.

Twitter n’est pas épinglé dans l’immédiat pour de telles publications : les autorités lui reprochent de ne pas avoir supprimé des contenus “qui incitent les mineurs à se suicider, contenant de la pédopornographie, ainsi que des informations sur l’usage de drogues“.

Des mesures de réponse centralisées ont été prises à l’encontre de Twitter, à savoir le ralentissement de la vitesse du service“, a expliqué le gendarme de l’Internet et des médias, Roskomnadzor, qui a le pouvoir de bloquer des sites ou ressources Internet en Russie.

Il a ensuite précisé que le ralentissement s’appliquait aux contenus audio, vidéo et images graphiques, sans concerner les messages textuels qui constituent l’essentiel des échanges sur Twitter.

Roskomnadzor a assuré que le ralentissement avait déjà commencé. Les journalistes de l’AFP en Russie ont pour le moment constaté un délai de quelques secondes dans le rafraîchissement de Twitter. Le réseau social n’a pas réagi dans l’immédiat.

Pour le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, si les Russes “doivent avoir la possibilité d’accéder à toutes les ressources (Internet) mondiales“, celles-ci “doivent respecter la loi” russe.

Après avoir dans un premier menacé Twitter de blocage si la firme américaine continuait d'”ignorer les exigences de la loi“, Roskomnadzor a ensuite affirmé : une telle mesure “n’en vaut actuellement pas la peine, même si elle reste possible“.

D’après le sénateur russe Alexandre Bachkine, cette décision de ralentir le débit de Twitter “constituera une bonne douche froide qui donnera à réfléchir à YouTube et à tous les autres“, tandis que le député Anton Gorelkine estime que le prochain candidat pour ces mesures est Facebook.

Tour de vis sur Internet

Moscou a en ligne de mire les grands réseaux sociaux, accusés notamment d’avoir laissé circuler des publications illégales en soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny.

Lundi encore, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a accusé les géants de l’Internet de “fonctionner en dehors du cadre juridique” et de “n’obéir souvent à aucune loi russe“.

Dans un pays où, contrairement aux médias traditionnels, Internet reste relativement libre, de nombreux jeunes Russes s’informent de plus en plus sur des plateformes comme YouTube.

En réaction, les autorités n’ont cessé ces dernières années de serrer la vis au nom de la lutte contre l’extrémisme et de la protection des mineurs. Des concepts fourre-tout selon les détracteurs du Kremlin, qui y voient des tentatives de censure.

Pour Artiom Kozliouk, le directeur de l’ONG de défense des libertés numériques Roskomsvoboda, les mesures visant Twitter sont ainsi destinées à convaincre les géants américains de “restreindre l’accès aux contenus à connotation politique ou liés à l’opposition“. Il a dénoncé auprès de l’AFP “l’élargissement de la censure sur Internet” depuis 2012.

La Russie bloque déjà avec un succès variable nombre de sites d’opposition ou ayant refusé de coopérer avec les autorités, comme le réseau social professionnel LinkedIn, détenu par l’américain Microsoft.

Twitter, Facebook ou encore Google se voient régulièrement infliger des amendes, dont les montants, de quelques dizaines de milliers d’euros, restent dérisoires face à leurs bénéfices.

Les autorités russes s’en étaient également prises en 2018, sans succès, à la populaire messagerie cryptée Telegram pour son refus de fournir aux services de sécurité les moyens de lire les messages de ses utilisateurs.

Konbini techno avec AFP

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