Les gens matent du porno coronavirus, voilà pourquoi

Les gens matent du porno coronavirus, voilà pourquoi

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Par Pauline Ferrari

Publié le

Au-delà du clic, faire du porno sur un thème aussi sérieux que le coronavirus est un moyen de dédramatiser.

Des dizaines de vidéos étiquetées avec le mot-clé “coronavirus” sur Pornhub… Internet et le monde du porno sont, comme d’habitude, à la pointe de l’actu. Vidéos post-apocalyptiques en combinaisons et masques : à l’heure où le monde entier se confine, le porno n’a pas mis longtemps à se réapproprier la pandémie, comme a pu l’indiquer Vice US le 4 mars dernier.

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Sur les sites les plus populaires comme Pornhub, les mots-clés “coronavirus”, “quarantaine” ou juste “corona” aboutissent sur des dizaines de vidéos : on y trouve des scénarios plus ou moins incestueux de quarantaine, des costumes d’infirmières et des “tests médicaux”, des rapports sexuels avec masques et gants… Mais également une majorité de vidéos représentant des femmes asiatiques, datant du début de la pandémie.

“Le porno s’inspire de la vie réelle et donc de l’actualité”

Pour Carmina, rédactrice en chef du Tag Parfait, magazine de la culture porn, il fallait s’y attendre. “On savait très bien que ça allait apparaître. Déjà le 4 mars, c’était en top tendance, mais ça a commencé dès le mois de février quand la Chine a été mise en quarantaine, puis l’Italie”, explique-t-elle.

Ce n’est pas la première fois que le monde du porno se saisit de l’actualité brûlante : fin 2018, des vidéos sur le thème des gilets jaunes avaient fait leur apparition sur les sites pour adultes.

Toutefois, ce n’est pas un phénomène récent. Selon Carmina, “on retrouvait déjà des sujets de société dans le porno des années 1970. C’est une boucle : le porno s’inspire de la vie réelle et donc de l’actualité, puis va le déconstruire pour rentrer dans la culture pop.” En ces temps de confinement, l’apparition du porno coronavirus est le résultat de la facilité de production, grâce aux outils technologiques : “Par rapport à il y a 15-20 ans, on peut produire vite. C’est plus facile d’être réactif à l’actualité, surtout pour le porno amateur”, explique Carmina.

Du porno amateur certes, mais non sans intentions citoyennes : la performeuse Little Squirtles a ainsi sorti une vidéo intitulée “Covid-19 : Coronavirus : Horny Slut Has to Use Protection During Outbreak!” (on vous laisse faire votre propre traduction), où elle mêle rapports sexuels et éducation sur les bons gestes barrières au coronavirus.

Le porno est un média culturel comme un autre

Pourtant, après visionnage de plusieurs vidéos (promis, c’est pour le travail), pas de quoi révolutionner l’industrie. “Si on réduit le porno au plus simple, c’est un rapport sexuel filmé, c’est ‘tout le temps la même chose’. Alors on surfe sur les tendances quelles qu’elles soient, pour apporter de nouveaux visiteurs ou trouver d’autres degrés d’excitation“, analyse Carmina.

Les tenues d’infirmières, les masques ou le sexe en combinaison, ça n’a rien de nouveau : “Au final, il y a beaucoup de vidéos où il y a ‘coronavirus’ dans le titre, mais qui restent assez traditionnelles.”

Au-delà du clic, faire du porno sur un thème aussi sérieux que le coronavirus est un moyen de dédramatiser. “On flippe tous ! Il faut y voir un moyen de lâcher la pression, d’en faire des blagues…”, commente Carmina. Pour dédramatiser, mais également pour réinventer la sexualité : en période de confinement, en solo ou en duo, l’intime se trouve chamboulé.

Mais existe-t-il une tendance de fond au porno avant la fin du monde ? “Il faut considérer le porno comme un média culturel pour adultes, mais comme le cinéma, il y a de tout : du réaliste, du documentaire, de la science-fiction… En ce moment, il y a déjà une tendance dans la pop culture à la dystopie et à la science-fiction”, explique Carmina. Rien d’étonnant à ce que le porno se réapproprie les codes culturels pop, y compris en temps de pandémie.

Il convient toutefois de relativiser. Tout le monde du porno ne s’est pas mis à faire des vidéos spéciales Covid-19 : “Sur les millions de vidéos de Pornhub, il y en a au pire une centaine. Dès que la quarantaine sera finie, on passera à autre chose”, juge Carmina.

D’autant que nous sommes face à une situation sanitaire inédite : face à la pandémie, certains sites pornographiques comme Pornhub ont offert gratuitement leur version Premium aux pays en quarantaine comme l’Italie ou la France.