L’étonnante histoire d’un robot maltraité devenu mascotte

L’étonnante histoire d’un robot maltraité devenu mascotte

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Par Bertrand Steiner

Publié le

Le robot d'une bibliothèque d'Helskinki a reçu deux gros yeux toonesques – et ça a tout changé.

Les robots ont déjà commencé à envahir notre quotidien : ils livrent de la nourriture, assistent les infirmières à l’hôpital et servent même de partenaire sexuel… Comment rendre notre relation avec eux la plus vivante et harmonieuse possible ?  Voilà la question que s’est posée la bibliothèque centrale d’Helsinki, en Finlande.

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Disposant déjà d’une petite armada de robots aidant à trier les livres (rien que ça, déjà, ça mériterait une news), la bibliothèque a appelé au secours une agence, Futurice, pour upgrader certains d’entre eux en véritables aides auxiliaires des bibliothécaires.

Après avoir interviewé plusieurs employés, les consultants ont décidé de reprogrammer les robots pour les aider à réaliser une des tâches qui leur incombe : montrer aux utilisateurs la section SF ou guider les gens vers les toilettes. Des activités très simples, en soi, mais chronophages – et donc idéales pour les robots.

Un sort cruel réservé à la machine abstraite

Minja Axelsson, une roboticienne de Futurice a expliqué à Fast Company le problème épineux auquel l’équipe a d’abord été confrontée :

“En testant le robot, nous nous sommes rendus compte que la plupart des gens n’interagissaient pas avec lui. Pire, des enfants sautaient dessus, l’empêchant de mener à bien sa mission. Il n’y avait pas nécessairement un rejet de la machine, mais plutôt aucune connexion. La forme du robot – en gros, une boîte sur roues – était simplement trop abstraite pour que les gens comprennent le pourquoi du comment.”

Pour que le robot “prenne vie”, Futurice lui a ajouté un détail simplissime: de grands yeux cartoonesques bougeant selon la direction de sa marche.

(© Futurice)

Des mimiques et des sons

Outre ses gros yeux, les ingénieurs lui ont ajouté quelques mimiques et des sons visant à exprimer ses intentions et états d’âme.

Ce bibliothécaire sur roues tourne sur lui-même et émet des sons de joie quand il réussit à aider une personne. S’il échoue, son état émotionnel en sera aussi affecté. Encore plus marquant : si personne ne l’utilise, il se met à faire des rondes, bouge un peu partout pour attirer l’attention des gens. 

Le léger changement d’apparence et de comportement du robot ont totalement modifié la perception des visiteurs : les abus ont stoppé net. Mieux encore, le public a aussi manifesté des réactions positives : des groupes se sont mis à suivre le petit robot comme des moutons. 

(© Futurice)

Un robot humain, mais pas trop 

Les gros yeux du robot ont surtout pour but de lui donner un aspect enfantin. Et c’est bien mieux comme ça, explique Axelsson :

“S’il a l’air trop réaliste, les gens imaginent que le robot a des capacités plus sophistiquées qu’il n’a en réalité. Avec les yeux et les émotions, le but recherché n’est clairement pas de ressembler à l’humain mais de faire en sorte que le robot s’intègre à son environnement d’une façon agréable pour les utilisateurs.”

Personne ne veut d’un robot trop réaliste : c’est l’idée même de la célèbre théorie de “vallée dérangeante” (“the uncanny valley” pour les anglophones), matérialisée dans ce petit robot de la bibliothèque.

Si nous changeons radicalement de comportement quand on greffe de gros yeux à un robot, c’est possiblement parce que nous avons tendance à tourner n’importe quoi en visage, nous sommes fans d’anthropomorphisme. Les designers ont d’ailleurs exploité cette tendance pour essayer que les gens interagissent avec les robots d’égal à égal. 

Comme l’exemple de la bibliothèque d’Helsinki nous l’a montré, il ne suffit que d’une paire de disques en plastiques pour faire illusion.