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Pour la première fois, un pays autorise la consommation de viande cultivée en laboratoire

Pour la première fois, un pays autorise la consommation de viande cultivée en laboratoire

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(© Eat Just)

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Par Benjamin Bruel

Publié le

Des nuggets de poulet fabriqués à partir de cellules souches débarquent dans un restaurant de Singapour.

Il fut long, le chemin parcouru depuis la première dégustation, en live à la télévision britannique, du tout premier steak fabriqué en laboratoire. Désormais, c’est un marché évalué à plusieurs milliards de dollars qui commence à s’ouvrir.

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Singapour a annoncé, le 26 novembre dernier, autoriser la commercialisation de la “viande cultivée” en laboratoire à partir de cellules animales. C’est la première fois qu’un pays donne cette autorisation. Jusqu’ici, seule la viande fabriquée à partir de protéines végétales, comme celle d’Impossible Foods (ou encore Eat Just), était disponible sur certains marchés.

Elle profite uniquement, pour le moment, à la start-up californienne Eat Just, qui va distribuer des nuggets de poulet fabriqués en laboratoire dans un restaurant dès le 2 décembre. “Nous allons partir d’un restaurant pour aller vers cinq, puis dix, et éventuellement vers la vente au détail et après cela, à l’extérieur de Singapour”, explique Josh Tetrick, CEO d’Eat Just, au MIT Tech Review. Sur le menu du restaurant, la viande sera simplement labellisée “cultivée en laboratoire”.

Un marché en devenir

Du côté de Singapour, une assemblée de sept spécialistes en nutrition, bio-informatique, santé publique, science et toxicologie ont analysé le produit d’Eat Just durant deux ans afin d’étudier son processus de création. Celui-ci est, globalement, identique à ce que l’on retrouve sur le reste du marché : les cellules souches de l’animal sont prélevées par biopsie et placées dans des incubateurs. Ceux-ci reproduisent alors l’environnement naturel de l’animal (une vache, un poulet, etc.) et les cellules deviennent alors peu à peu des fibres musculaires.

Un marché porteur qui pourrait, selon les prédictions de la banque Barclays, atteindre 140 milliards de dollars dans la prochaine décennie. La viande in vitro, pour ses défenseurs, permettrait deux choses : proposer une alternative viable (écologique et sans souffrance animale) à la viande et nourrir plus facilement la planète. En effet, alors qu’il faut plusieurs années pour élever une vache, un morceau de viande in vitro prend seulement quelques mois à être mis au point.

Des défis attendent toutefois l’industrie. En premier lieu, le coût : en fonction du produit, celui-ci est au moins, voire plus, cher à produire et à consommer que la viande réelle. “Nous devons nous situer au-dessous du coût du poulet conventionnel, ce qui devrait se produire dans les années à venir”, explique d’ailleurs Josh Tetrick à la BBC.

En second lieu, les quantités : si le “morceau” de viande in vitro est plus rapidement produit, les fabricants, comme le franco-israélien Aleph Farms, n’arrivent pour le moment pas à produire en quantité suffisante et assez rapidement pour proposer une alternative pérenne.

Quoi qu’il en soit, cette première mondiale, à Singapour, ouvre enfin les portes d’un marché dont les recherches durent depuis plusieurs années.