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Sur les réseaux sociaux, les talibans font leur communication

Sur les réseaux sociaux, les talibans font leur communication

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(c) Capture écran / Twitter

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Par Benjamin Bruel

Publié le

Avec des centaines de milliers de followers sur Twitter, les talibans ont su s’adapter à la communication moderne.

Ils ne cumulent pas loin d’un million d’abonnés sur Twitter. Ils sont la voix des talibans sur le réseau social, sans pour autant être vérifiés par la plateforme. On retrouve Suhail Shaheen, qui s’occupe des relations avec les médias internationaux. Près de 350 000 abonnés. Puis Zabihullah Mujahid, 320 000 abonnés, qui se proclame porte-parole de l’Émirat islamique d’Afghanistan. Et enfin, Muhammad Naeem qui, depuis Doha, au Qatar, s’exprime pour le compte du bureau politique de l’Émirat.

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Ces trois comptes n’ont cessé d’informer, tant les Afghans que la communauté internationale, sur la rapide prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, jusqu’à la prise de Kaboul durant le week-end du 14 et 15 août. Depuis, ceux-ci cherchent à rassurer sur leurs intentions en utilisant la plateforme. Suhail Shaheen écrivait ainsi en anglais, le 16 août : Nous assurons à tous les diplomates, ambassades, consulats et travailleurs caritatifs, qu’ils soient internationaux ou nationaux, que non seulement aucun problème ne leur sera créé de la part de l’IEA [Islamic Emirate of Afghanistan, ndlr], mais qu’un environnement sécurisé leur sera fourni, Inchallah.”

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La veille, celui-ci qualifiait de propagande venimeuse les allégations de mariages forcés de jeunes filles à des soldats talibans tout en retweetant les propos, en arabe cette fois, de Zabihullah Mujahid, qui assurait que les institutions et résidents étrangers à Kaboul ne risquaient rien.

Les plateformes sociales réagissent différemment à l’arrivée des talibans

Comme ils l’ont fait dans la presse internationale ces derniers jours, les talibans utilisent désormais Twitter pour s’évertuer à montrer qu’ils ont changé – et peuvent gouverner dans le respect des droits humains. Si la réponse internationale à ces allégations est éparse, celle des plateformes en ligne aussi.

Twitter sembler accepter de facto la présence de porte-parole du mouvement sur sa plateforme. “Interrogée sur l’utilisation de la plateforme par les talibans, la société a rappelé sa politique de lutte contre les organisations violentes et les comportements haineux, mais n’a pas répondu aux questions de Reuters sur la manière dont elle établit ses classifications”, explique l’agence de presse Reuters dans un article sur le sujet.

De son côté, Facebook a clairement refusé de laisser tout espace de parole ou d’échange aux talibans sur ses différentes plateformes – WhatsApp, Instagram et Facebook. Comme l’explique l’entreprise à la BBC, selon une traduction de nos confrères du Nouvel Obs, les talibans sont “considérés comme une organisation terroriste par la législation américaine et nous les avons bannis de nos services […]. Cela signifie que nous supprimons les comptes gérés par des talibans ou en leur nom, et que nous interdisons toute apologie, tout soutien et toute représentation de ces derniers”. L’entreprise affirme que des spécialistes des deux langues majoritaires en Afghanistan travaillent au sein de l’entreprise et veillent à la modération de potentiels comptes.

WhatsApp, toutefois, selon une enquête du Washington Post, est déjà utilisé par les talibans. Des messages auraient été envoyés aux résidents de Kaboul, partageant notamment des numéros que les citoyens devaient appeler en cas de “problème” ou de comportements “irresponsables” de la part d’individus armés.

Interrogée par Reuters, Alphabet, compagnie mère de Google et YouTube, s’est refusée à tout commentaire tout en renvoyant le média vers la liste des “organisations terroristes étrangères” éditée par Washington.

Différentes entreprises, différentes plateformes, différentes règles. Mais les plateformes sociales en ligne font à l’heure actuelle face au même problème que la communauté internationale : faut-il ou non reconnaître les talibans et le nouvel Émirat islamique d’Afghanistan sur la scène diplomatique ?


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