Trump contre Huawei : la guerre technologique s’intensifie

Trump contre Huawei : la guerre technologique s’intensifie

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Par Benjamin Bruel

Publié le

Washington cherche à étouffer l'équipementier chinois, tandis que Pékin promet des représailles.

L’escalade des tensions entre Huawei et l’administration Trump a pris un tournant encore plus moribond ces deux dernières semaines. Washington a annoncé de nouvelles mesures, la semaine dernière, visant à étouffer l’équipementier et constructeur de mobiles chinois. Ce dimanche 17 mai, Pékin a promis des représailles dans le cas où Donald Trump maintiendrait ces restrictions. On vous fait le topo.

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Comment en sommes-nous arrivés là ?

Dès son entrée à la Maison-Blanche, Donald Trump a fait de la guerre commerciale contre la Chine l’un des fers de lance de sa politique internationale. Huawei, constructeur de mobiles et d’équipements télécoms en pleine ascension, est rapidement devenu l’une des victimes collatérales de cette croisade.

En février 2018, les relations entre Huawei et l’administration Trump ont commencé à se tendre sérieusement. Donald Trump a d’abord accusé le fabricant chinois de soutenir des opérations d’espionnage de Pékin grâce à son matériel, et fut conforté en ce sens par une tripotée d’agences comme la NSA ou le FBI. En avril de la même année, Washington décidait de bloquer les ventes de Huawei et ZTE, autre équipementier chinois, aux opérateurs américains.

Les tensions n’ont alors cessé de croître, la Maison-Blanche instaurant une certaine pression sur ses alliés historiques pour bannir Huawei – chose qu’a refusée la France, notamment en matière de développement de la 5G. Jusqu’en mai 2019, où Donald Trump a invoqué la sécurité nationale pour exclure entièrement Huawei du marché américain. Ce qui revenait à interdire purement aux entreprises américaines de conclure des affaires avec Huawei. Résultat : le 19 mai 2019, Google fut contraint de retirer sa licence Android à Huawei.

Donald Trump prolonge les sanctions jusqu’en mai 2021

Malgré de nouveaux remous dans l’affaire “Trump versus Huawei”, la situation a globalement stagné durant l’année écoulée. Elle a même semblé s’améliorer, avec une promesse (non tenue) de mettre fin à ces sanctions du côté américain.

Ce mercredi 14 mai, Washington a prolongé d’un an l’embargo américain sur Huawei, qui court désormais jusqu’en mai 2021. Vendredi, le ministère du Commerce américain a par ailleurs annoncé élargir les effets de cet embargo, précisément là où ça fait mal : la firme chinoise ne peut plus s’approvisionner en semi-conducteurs auprès de fournisseurs qui utilisent des technologiques fabriquées par l’Oncle Sam. Ces mesures visent à étouffer la capacité de Huawei à mettre au point ses puces à l’étranger.

Une décision virulente, pleinement assumée par le ministère américain du Commerce, qui explique avoir “ciblé stratégiquement et très précisément” le domaine des semi-conducteurs.

Le groupe Huawei a regretté, dans un communiqué, une décision “arbitraire et pernicieuse” de Washington. Pékin a également répondu, samedi 16 mai, exhortant les États-Unis à mettre fin à une “répression déraisonnable de Huawei et des entreprises chinoises”. “Le gouvernement chinois défendra fermement les droits et intérêts légitimes et légaux des entreprises chinoises”, a déclaré le ministère des Affaires étrangères, promettant des représailles par la voie d’une “liste d’entités peu fiables”, dans laquelle pourrait se retrouver Apple ou Qualcomm.

En clair, cette guerre technologique pourrait diviser le monde du mobile en deux pôles : un américain et un chinois.