Un imam tiktokeur condamné à de la prison pour apologie du terrorisme

Un imam tiktokeur condamné à de la prison pour apologie du terrorisme

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© Solen Feyissa / Unsplash

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Par Konbini Techno

Publié le

"C’était pour faire le buzz, pour amasser les 'j’aime', pour avoir le plus de followers possible", s'est-il justifié.

“Pour faire le buzz”, un imam pakistanais officiant à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) postait des vidéos sur le réseau social TikTok, glorifiant notamment l’attentat perpétré en septembre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. Le tribunal de Pontoise l’a condamné jeudi à 18 mois de prison.

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“Vous avez développé une petite activité de vidéos de blogueur amateur”, démarre le président Stéphane Billet, en se tournant vers le prévenu – petite taille, barbe noire – qui comparait détenu.

Celui-ci est peu loquace sur les raisons qui l’ont conduit à poster sur ce réseau social principalement utilisé par les ados, les 9 et 10 et dans la nuit du 25 au 26 septembre, trois vidéos lui valant d’être poursuivi pour “apologie du terrorisme avec l’utilisation d’un réseau de télécommunications”.

Il sera finalement relaxé pour celle du 10 septembre, mais condamné pour les deux autres.

“C’était pour faire le buzz”

Le 9 septembre, cet imam arrivé en France en 2015 au terme d’un long périple migratoire pour fuir la pauvreté, et qui officiait occasionnellement à la mosquée de Villiers-le-Bel, évoquait la republication des caricatures par Charlie Hebdo. Il assurait notamment que “des fidèles, des musulmans sont prêts à se sacrifier pour le prophète”.

Dans la seconde, il saluait, le jour même, l’acte du ressortissant pakistanais accusé d’avoir grièvement blessé au hachoir deux personnes devant les anciens locaux de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris. Un “brave” qui “a protégé l’honneur du prophète” et qui est désormais “connu partout en Europe”, dit-il face caméra.

“Je n’avais pas connaissance de la loi, c’était pour faire le buzz, pour amasser les ‘j’aime’, pour avoir le plus de followers possible”, explique le prévenu, via son interprète en ourdou.

“Je ne savais absolument pas ce que signifie le Coran”

De son passé dans son pays natal, le tribunal ne retient qu’une enfance pauvre, où l’école coranique fut la seule option pour ce garçon d’une fratrie nombreuse.

En creux se dessine le portrait succinct de cet “imam” qui ne prêchait pas mais dirigerait la prière en lisant des sourates et faisait aussi réciter le Coran à des enfants pakistanais. Il confesse un niveau scolaire équivalent à la classe de quatrième, et admet savoir lire en ourdou mais être “incapable de l’écrire correctement”.

“Je ne savais absolument pas ce que signifie le Coran, je ne sais que le lire, assure-t-il. Je suis un simple travailleur.” Peintre en bâtiment puis serveur, il travaillait malgré deux obligations de quitter le territoire.

“J’ai dérapé”

Ce tenant du soufisme, vision mystique de l’islam, s’excuse plusieurs fois au cours de l’audience et “condamne totalement” les actes terroristes. “Alors pourquoi vous tenez ce genre de propos ?”, demande le président Billet. “Ce n’était pas mon but, je ne voulais pas dire ça, j’ai dérapé”, répond-il.

“Il n’adhère pas idéologiquement aux propos qu’il a tenus”, plaide son avocat Xavier Nogueras, estimant qu’il n’y avait pas de réelle “adhésion” au terrorisme.

Interdiction définitive de territoire français

Pourtant, “il sait que ses messages de haine vont être lus, vont être ‘likés’, par un nombre incalculable de personnes”, déplore Abdel-akim Mahi, le procureur, qui requiert 24 mois de prison pour ce délit, passible de sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende.

“On ne peut pas accepter qu’un individu […] puisse avec une telle haine évoquer ces faits-là”, ajoute-t-il.

Aux yeux du tribunal, les propos tenus sont sans appel. “Il est assurément impossible que la République envisage de vous garder sur son territoire”, conclut le président, qui précise que sa peine de 18 mois de prison est assortie d’une interdiction définitive de territoire français.

Konbini techno avec AFP

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