J’ai testé l’Académie Lime pour devenir un conducteur de trottinette modèle

J’ai testé l’Académie Lime pour devenir un conducteur de trottinette modèle

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Par Bertrand Steiner

Publié le

Suis-je devenu un meilleur conducteur pour autant ? Oui et non.

Cela fait six mois que j’utilise épisodiquement des trottinettes électriques en libre-service. Je les emprunte souvent lorsqu’il n’y a plus de métros. Comme beaucoup de mes semblables, je n’obéis pas forcément aux règles de prudence attendues d’un conducteur consciencieux. Et je ne culpabilise même pas.

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C’est pour cela que lorsque mon rédacteur en chef m’a demandé de me rendre à l’Académie Lime samedi dernier, j’ai d’abord gloussé. Mais, conscience professionnelle oblige, j’ai accepté de réduire mon week-end pour essayer de percer les mystères de cette institution qui connaît un certain succès, puisque les places (gratuites) partent comme des petits pains dès l’ouverture des inscriptions.

Ce qui m’attend : une heure de cours théorique (pour apprendre le “partage harmonieux de l’espace public”), suivie d’une initiation en milieu urbain comprenant un trajet sur les quais de Seine depuis les Invalides. Cette formation organisée par Lime a lieu tous les samedis.

Pourquoi l’Académie Lime ?

L’académie a vu le jour dans un climat de rejet des trottinettes électriques par bon nombre de citadins. Le boom soudain qu’avait connu le marché a entraîné, de fait, un certain chaos : les véhicules jonchaient les trottoirs et les conducteurs faisaient la nique au Code de la route. “C’était un vrai far west“, résume un cadre de l’entreprise.

Sentant la grogne monter, Lime, acteur majeur du marché avec 1 429 850 inscrits en région parisienne depuis sa création, a opté pour la solution la plus sensée : proposer aux utilisateurs une formation pour leur apprendre à bien se comporter. L’enjeu est de taille, car la Mairie de Paris compte réduire drastiquement le nombre d’opérateurs d’ici à l’automne, m’explique-t-on.

Bien que cette initiative soit intéressée, elle n’en demeure pas moins louable. Cela montre que le constructeur est à l’écoute de ses utilisateurs, des acteurs publics et de son marché. L’entreprise devance aussi au passage ses concurrents. Et, si cela permet aux gens de mieux conduire et d’éviter des accidents, qui suis-je, pauvre mortel, pour critiquer ?

Des débutants autour de la cinquantaine

Je me rends donc aux Invalides, du côté des quais de Seine piétonnisés, où nous attend une grande camionnette Lime remplie de trottinettes. La vingtaine de participants est déjà arrivée : tout le monde est sur le pied de guerre.

J’arrive frais et dispos, je serre les mains des animateurs et on m’offre d’office un casque Lime blanc et vert. C’est toujours ça de gagné. On ne me donne pas trop le choix, car je suis obligé de le porter (c’est moins sympa). On me tend ensuite un gilet jaune qui tient bizarrement plus du débardeur fluorescent que du vrai gilet (c’est beaucoup moins sympa).

Deux animateurs (jeunes, souriants, et dynamiques) sont là pour nous accompagner tout au long de la formation. Au fur et à mesure que les participants arrivent, je comprends que la plupart de mes camarades viennent pour apprendre les bases de la trottinette. Ils n’en sont pas vraiment au stade de savoir s’ils seront des chauffards ou non.

La plupart des participants gravitent autour de la cinquantaine (avec pas mal de couples). Cela conforte mon idée qu’ils sont ici avant tout pour apprendre à faire de la trottinette et non pour étudier les pourquoi du comment du Code de la route. On m’assure tout de même que des utilisateurs fréquents de trottinettes viennent aussi parfois pour se renseigner sur les bons comportements à adopter, comme moi.

Avant toute chose, les animateurs nous rappellent pourquoi l’Académie Lime a été créée : des accidents ont eu lieu parce que les utilisateurs faisaient n’importe quoi. Non, je ne me sens pas visé. Voilà, la partie théorique est finie. C’était rapide.

(© Bertrand Steiner/Konbini)

Arrive ensuite la partie pratique : une demi-heure d’allers-retours hésitants où tous les participants manquent de se rentrer dedans (on notera une chute), tandis que je me promène, les cheveux au vent (malgré le casque) et parfaitement à l’aise.

Tout au long de la pratique, on nous parle de sécurité (normal, on est là pour ça). Ne pas rouler sur les trottoirs : j’acquiesce. Lever sa jambe dans la direction où vous voulez tourner : je ricane, mais acquiesce. S’arrêter aux feux rouges : bon, sur celle-là j’acquiesce vraiment, car griller un feu rouge, c’est MAL. Et rebelote : “De nombreux accidents ont eu lieu parce que les utilisateurs faisaient n’importe quoi.” Ils arriveraient presque à me faire culpabiliser.

Après 20 minutes de promenade sur les quais, nous revenons à notre point de départ. Je rends mon gilet jaune – on est quand même samedi, je n’ai pas envie de me prendre un flash-ball – et remercie tout le monde. Ô joie, je réussis à garder le casque : je le donnerai à mon coloc qui conduit encore plus mal que moi.

L’heure du bilan

Soyons honnêtes : je ne sais pas si je suis devenu un meilleur conducteur, mais j’ai davantage conscience de ma dangerosité (forcément, après autant de culpabilisation). Et, à défaut de les respecter complètement, je ne pourrai dire que je n’étais pas au courant des règles.

Participer à cette formation d’une heure m’a tout simplement permis de me rendre compte que même si les accidents sont souvent provoqués par des inconscients (comme moi) qui enfreignent le Code de la route à longueur de journée, ils arrivent aussi lorsque des utilisateurs ne maîtrisent pas le b.a.-ba de la trottinette.

Former les utilisateurs avant qu’ils se lancent dans le grand bain des deux roues, c’est les aider à prévoir l’imprévu et à ne jamais perdre le contrôle de leur véhicule en cas de panique. Bref, Lime nous forme à utiliser ses produits pour qu’ils soient accessibles au plus grand nombre. Et ça, même moi je ne peux le critiquer.