Comment le marché des SUV bousille l’environnement

Comment le marché des SUV bousille l’environnement

photo de profil

Par Benjamin Bruel

Publié le

De véritables "machines à tuer", selon une récente enquête du Guardian.

Une nouvelle étude commandée par The Guardian revient sur l’impact des SUVs, ces véhicules de sport aux allures de 4×4, sur l’environnement.

À voir aussi sur Konbini

Chaque année, selon les données citées par le quotidien britannique, les plus de 200 millions de SUVs qui parcourent les routes du monde produisent plus de 700 millions de mégatonnes de CO2 – c’est plus que les émissions du Royaume-Uni et des Pays-Bas combinés. Autre image impressionnante : si tous les propriétaires de SUVs se regroupaient pour constituer un pays, ils formeraient la septième puissance mondiale… en émission de CO2.

La part du lion

Selon l’Agence internationale de l’énergie, au cours de la dernière décennie, les SUVs ont été la deuxième plus importante cause d’émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Devant les avions, les camions ou l’industrie lourde. Mais comment en est-on arrivé là ?

Le succès des SUVs, pour Sport Utilitary Vehicule, continue d’exploser. Aux États-Unis, pays qui a vu naître ces véhicules volumineux et confortables à la fois, la société d’analyse IHS Markit prévoit que les SUVs avalent plus de la moitié du marché automobile pour la première fois cette année.

Un phénomène qui tire ses racines dans les années 1980, où les lobbies automobiles réussirent à faire passer les SUVs dans la catégorie des “camions légers” au lieu de voitures classiques – leur permettant d’échapper aux régulations classiques en matière de consommation, note le correspondant américain du Guardian. Pas de malus pour les SUVs, en somme.

En France, rapporte Mathieu Chassignet, ingénieur mobilité et qualité de l’air à l’ADEME, dans une interview à Usbek & Rica, 38 % des véhicules vendus étaient des SUVs en 2019. Contre environ 5 % dix années plus tôt. Et même si les critiques sont de plus en plus nombreuses en Europe, notamment pour leur impact sur l’environnement, le marché continue de croître.

Des “machines à tuer”

Au total, outre-Atlantique, les SUVs émettent 14 % de carbone de dioxyde de plus que les voitures plus petites. En 2018 seulement, c’est 3,5 millions de tonnes de CO2 émises de plus que si elles étaient des voitures classiques.

Si l’on rapporte ces chiffres à une échelle de quinze ans d’existence sur le marché des véhicules, c’est 429,5 millions de tonnes de CO2 émises aux États-Unis, 482 millions de tonnes en Chine et 129 millions de tonnes en Europe. Combinées, ces émissions sont trois fois supérieures à ce que le Royaume-Uni émet en une année.

Comme nous le disions plus haut, selon les données du Guardian, les SUV sont devenus en dix ans la deuxième source d’émission de CO2 dans le monde. Interrogé par le quotidien, Harvey Miller, professeur et directeur du Center for Urban and Regional Analysis de l’université de l’Ohio, affirme sans détour : “Ce sont des machines à tuer. Elles causent beaucoup de dommages au climat, à la qualité de l’air et aux personnes qu’elles heurtent. Les SUVs sont terribles pour les villes et les voisinages où elles n’ont aucune utilité.”

Écrivez-nous à hellokonbinitechno@konbini.com