Des seiches ont porté des lunettes 3D et maté des crevettes… pour la science

Des seiches ont porté des lunettes 3D et maté des crevettes… pour la science

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© Wardill Lab

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Par Pierre Bazin

Publié le

Les seiches ont une vision exceptionnelle en ce qui concerne la perception des profondeurs de champ.

Proies privilégiées des oiseaux et des enfants surexcités sur nos plages, les seiches sont des mollusques céphalopodes sous-côtés de nos milieux marins. Ces animaux sont en effet très utiles aux scientifiques de par leurs caractéristiques exceptionnelles.

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Des chercheurs viennent de leur consacrer toute leur attention dans une étude publiée dans la revue Science Advances, menée par le professeur en biologie Trevor Wardill de l’université du Minnesota, aux États-Unis. L’équipe scientifique a décidé de leur faire essayer des lunettes 3D… car elles possèdent des capacités hors-norme pour la perception des perspectives.

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Équipées de cet attirail qui ne manquera pas de faire surgir les souvenirs nostalgiques des premiers films 3D, les seiches ont ensuite visionné des vidéos. Projetées directement sur les aquariums, elles montraient des bancs de crevettes, proies favorites du mollusque, pour faire réagir les sujets.

Les réactions ne se sont pas fait attendre : les seiches ont directement élancé leurs tentacules en direction des crevettes, réitérant les mêmes gestes de chasse qu’à l’état sauvage. Exactement comme les enfants auraient fait au cinéma.

Des yeux proches de ceux des humains ?

Cette expérience a permis de mieux caractériser les yeux des Sepia officinalis, semblables aux nôtres, avec une cornée, un cristallin, un iris et une rétine. Cela leur donne la capacité d’utiliser la perception binoculaire du relief (ou stéréopsie), ce qui permet d’apprécier les distances car leur cerveau sait interpréter les différences entre les signaux provenant des deux yeux. Le professeur Wardill précise :

“La stéréopsie de seiche repose probablement sur un algorithme différent de celui des humains, […] Nous ne connaissons pas leur base neurale […] Ce n’est pas une tâche facile de l’étudier.”

Le professeur ajoute également que la colle utilisée sur la seiche n’a duré que quelques jours et est conforme aux recommandations institutionnelles pour les céphalopodes. Ces animaux sont d’ailleurs très utiles à la science, que ce soient pour leurs capacités cognitives, visuelles ou même leurs mouvements dans l’eau.

Le robot Sepios, par exemple, est une création française, qui repose sur les capacités de mouvement par ondulation des seiches pour se mouvoir avec aisance (et en consommant peu d’énergie) dans les fonds marins.