L’Attaque des Titans : la manœuvre tridimensionnelle pourrait-elle vraiment exister ?

L’Attaque des Titans : la manœuvre tridimensionnelle pourrait-elle vraiment exister ?

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Par Benjamin Bruel

Publié le

For the glory of humanity (et celle de la tech) (et de Mikasa).

L’Attaque des Titans (aka SNK) n’est pas ce qu’on pourrait appeler un manga de science-fiction. À cheval (de bataillon d’exploration) entre la dark fantasy et le shōnen d’action classique, l’œuvre du génie Hajime Isayama explore pourtant un vaste répertoire de technologies.

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Ce sont ces objets, fruits de l’ingéniosité humaine, qui permettent à nos héros de se déplacer dans un monde hostile et, surtout, d’éviter de se faire becter par quelque affreux Titan. Ces équipements, vous les connaissez aussi bien que Mikasa porte son écharpe rouge : les grappins, l’épée coupe nuque, les armes à feu et les moyens de transport, entre autres.

Bien évidemment, c’est l’équipement tridimensionnel qui nous intéresse le plus : sans lui, l’humanité n’aurait littéralement aucune arme pour survivre dans ce monde à la cruauté sans limite. Sans équipement tridimensionnel, Eren et ses petits copains sont comme un Jedi sans la Force ou Naruto sans Kyûbi.

Comment fonctionne-t-il vraiment ? Est-ce qu’on pourrait le reproduire dans le monde réel ? Est-ce qu’il fait sens – ou est-ce un objet complètement fantaisiste ?

Pour ne pas laisser trop de monde sur le carreau, entre le Mur et un Déviant, on ne spoilera pas la saison quatre de l’anime.

L’équipement tridimensionnel : on rase les murs

En regardant les premières saisons de l’anime, vous avez forcément vu ces courtes pauses (les eyecatch lors desquels on diffuse une page de pub sur la télé nippone), où l’on nous montre rapidement la composition de l’équipement tridimensionnel. On va donc étudier la manière dont il fonctionne précisément.

L’équipement tridimensionnel – omni-directional mobility gear – permet à son porteur de se déplacer en trois dimensions. En d’autres termes, ça permet aux humains ayant la force et les capacités suffisantes de se déplacer dans toutes les directions, avec une mobilité incroyable, comme Spider-Man. L’équipement tridimensionnel est composé de plusieurs éléments dépendants les uns des autres, que l’on peut répartir en quatre catégories :

Le harnais corporel : une lanière (dont la composition est inconnue) qui recouvre tout le corps, de la tête aux pieds, et sur laquelle on vient accrocher tous les autres dispositifs nécessaires à la manœuvre tridimensionnelle. Dans les airs, les pieds de l’utilisateur reposent seulement sur ce harnais – son bon état est donc primordial. Souvenez-vous des premiers essais d’Eren dans la saison 1.

Le boîtier principal : celui-ci, cylindrique, vient se loger dans le dos, au-dessus des fesses, du porteur de l’équipement. C’est dans ce boîtier que sont enroulés les câbles en acier, utilisés par les Bataillons d’exploration pour se déplacer, au bout desquels on retrouve des grappins. Il fait 18 cm de hauteur, selon le Wikifandom de SNK.

Les compresses de gaz : situées de chaque côté du porteur, au-dessus des fourreaux, les deux compresses de gaz permettent au boîtier principal de fonctionner – c’est-à-dire d’envoyer les câbles d’acier valser en l’air et de les rétracter. Celles-ci marchent grâce à une turbine circulaire, installée au-dessus du boîtier principal. C’est donc la pression du gaz qui permet au porteur de s’envoler.

Les poignées de contrôle : les Bataillons d’exploration et autres corps armés de l’univers de SNK gèrent l’ensemble de leur équipement tridimensionnel grâce aux poignées de contrôle, qui sont installées sur les fourreaux de leur lame coupe nuque.

C’est depuis ces poignées qu’ils contrôlent la pression à exercer sur les compresses à gaz pour envoyer les grappins câblés et les rétracter. Un certain mystère entoure ces poignées, mais on sait que la gâchette du haut envoi le grappin, tandis que celle du bas contrôle la turbine à gaz.

Capture d’écran l’Attaque des Titans

L’équipement tridimensionnel à l’épreuve de l’univers de SNK

Voilà, en somme, ce qui permet à Eren et ses petits camarades de valdinguer de nuques de Titan en nuques de Titan. C’est un manga, évidemment. Malgré les révélations de la fin de la saison 3 et la suite actuellement diffusée, il y a énormément de choses bancales, comme le sérum qui transforme les humains en Titans. En ayant conscience de cela, on peut quand même se poser deux questions concernant l’équipement tridimensionnel : est-ce qu’il est réaliste, au sein même de l’univers de SNK ? Est-ce qu’il est (au moins un peu) réaliste dans le nôtre ?

Dans le spin-off Before The Fall (mini spoiler à venir !), on apprend le nom du créateur de l’équipement tridimensionnel et de quelle façon il a créé son œuvre. Angel Altonen utilise un gaz spécial qui s’évapore immédiatement au contact de l’oxygène. C’est grâce à ce gaz que l’équipement tridimensionnel permet de voyager sur de longues distances. C’est probablement l’élément le plus réaliste de cette technologie.

Cependant, rien, ici ou dans le guidebook officiel, ne nous est appris sur les moyens de production de l’équipement tridimensionnel. Comment ces quantités faramineuses d’acier sont-elles produites, taillées avec une précision d’orfèvre tout en étant assez puissantes et durables ? La société dans laquelle vit Eren semble coincée dans une ère préindustrielle, alors comment un équipement si performant technologiquement peut-il être construit en si grande quantité ?

Ensuite, on se pose forcément une autre question : celle du poids ! Dans le livre officiel The Science of Attack on Titan, Hajime Isayama aborde principalement la science derrière les Titans, mais il révèle tout de même le poids de l’équipement tridimensionnel : environ 56,6 kilogrammes.

Comment ces petites compresses de gaz peuvent-elles apporter suffisamment d’énergie pour déplacer l’équipement et le corps de l’utilisateur ? D’autant que les personnages les plus fins, comme Armin, auraient du mal à supporter la charge seule, sans même parler de s’envoler. La physique ne fonctionne pas vraiment.

Il y aurait d’autres sujets à aborder, comme la vélocité et la résistance des câbles envoyés à pleine puissance et qui doivent se rétracter aussi vite qu’on découpe une nuque de Titan.

Et dans le monde réel ?

Bon, vous avez compris l’idée : ça ne marche pas vraiment. Alors, posons-nous une autre question : en admettant qu’on possède la technologie pour construire un équipement tridimensionnel dans le monde réel, est-ce que notre corps pourrait le supporter ? Le vidéaste américain Nerdist s’est penché en détail sur le sujet dans une vidéo passionnante.

En résumé, il explique que les accélérations conséquentes induites par l’équipement tridimensionnel, dans des successions répétitives et à une vitesse folle – qui n’est pas donnée dans L’Attaque des Titans – induiraient probablement un nombre de G supérieur à ce que l’on peut endurer, tout en étant incapables de mouvoir notre corps. Un utilisateur humain tomberait sans doute dans les vapes, avant de se désarticuler les joints, se briser les os, etc. Joyeux programme.

Dans le monde réel, pour un combat armé, l’équipement présenterait d’autres problèmes : celui de l’absence de protections pour le corps, par exemple. On pourrait l’imaginer, même avec une technologie poussée, incorporant un sac à dos à la manière d’un réacteur dorsal. Il serait forcément plus lourd, ce qui réduirait la mobilité de l’utilisateur.

Une dernière question : les grappins peuvent-ils exister ? Là aussi, des vidéastes tech se sont amusés à créer des grappins façon Batman – mais rien d’aussi fonctionnel que dans SNK.

Bref, même si Jeff Bezos se découvrait soudainement une passion folle pour L’Attaque des Titans, l’affaire serait mal engagée. On espère, quand même. Après tout, les premiers sabres laser débarquent, alors pourquoi pas ?

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