Un néo-nazi arrêté par le FBI pour plusieurs affaires de “swatting”

Un néo-nazi arrêté par le FBI pour plusieurs affaires de “swatting”

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© Alexandrea Sherif Department et Wikepedia Commons

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Par Pierre Bazin

Publié le

Le jeune Américain de 19 ans faisait partie de groupes Steam ouvertement racistes.

La semaine dernière, nous vous parlions de cette joueuse américaine qui avait réussi à envoyer une ambulance au domicile de son partenaire de jeu anglais qui faisait un malaise. Malheureusement, ces histoires ne sont pas monnaie courante dans la sphère du gaming, beaucoup de gens malveillants préfèrent plutôt envoyer la police au domicile des gens.

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Le “swatting” est une pratique née aux États-Unis. Elle consiste à envoyer une unité d’intervention policière musclée au domicile d’un streamer pour interrompre son live. Le SWAT (équivalent étasunien du GIGN ou du GIPN) débarque, sur la base d’un faux témoignage (risque de terrorisme, d’attentat, etc.) et met en application ses méthodes musclées d’intervention.

De nombreuses vidéos de streamers et autres vidéastes en direct rapportent la violence de ces actions où les intéressé·es sont souvent plaqué·e·s au sol et violenté·e·s par les forces de l’ordre.

Un multirécidiviste très présent sur les réseaux

La semaine dernière, le FBI a arrêté, en Virginie, John William Kirby Kelley, 19 ans. Il est accusé d’avoir intenté toute une série de “swatting” ces dernières années. Le jeune homme faisait également partie de nombreux groupes de discussion sur Steam (la plateforme de jeux dématérialisés) ouvertement racistes, suprémacistes blancs et néo-nazis.

L’Anti-Defamation League (ADL), une ONG qui lutte contre l’antisémitisme a aidé le FBI à arrêter Kelley et détaille le parcours de ce dernier dans un communiqué. L’enquête a permis de remonter à différents comptes en ligne du jeune homme pour découvrir qu’il faisait partie de tchats IRC (souvent anonymes) de groupes néo-nazis. Leur objectif était de cibler “des responsables gouvernementaux, des cadres et des journalistes” ainsi que “d’autres cibles choisies et basées sur les opinions racistes et antisémites des auteurs“.

Dans un compte Steam supposément associé à Kelley, on a découvert qu’il aurait été modérateur pour un jeu de rôle intitulé “Carl’s Army of Northern Virginia“, une référence aux confédérés de la Guerre de Sécession – pro-esclavage donc. La description du jeu est d’ailleurs assez claire : “Les Aryens bénéficient d’une déduction fiscale de 15 %, pas de nègres, pas d’industrialisme.

Néo-nazi et bien évidemment transphobe

Selon une enquête de Vice, Kelley aurait d’ores et déjà été associé au swatting de la streameuse Andrea “Cyberdemon531″ Rovenski pendant l’été 2018. Spécialisée dans le speedrun, Andrea Rovenski jouait tranquillement à Spyro 2 sur Twitch lorsqu’un contingent de policiers armés commence à entourer son domicile. Elle déclare à Vice :

“Je sors et je vois peut-être cinq ou six voitures de police et 10 à 15 policiers antiémeute […] Ils ont tous des fusils d’assaut braqués sur moi. Je lève mes bras machinalement, c’est horrible.”

Kelley aurait appelé la police, se faisant passer pour Rovenski et affirmant qu’elle avait un otage au sous-sol. Rovenski a été plaquée au sol ainsi que sa mère qui souffre d’un handicap et qui ne comprenait logiquement rien à ce qu’il se passait.

Transgenre, Rovenski n’en était pas à sa première agression de la part de la communauté online mais la dernière en date fut l’une des plus traumatisantes. Elle en aurait cauchemardé pendant des mois, et sa mère aurait eu une attaque suite à l’évènement.

Un an et demi plus tard, après un long travail d’enquête sur les groupes que fréquentait Kelley, le FBI a été en mesure de l’appréhender. Fin 2018, il avait appelé son école, la menaçant d’une fusillade et une bombe pour “éviter d’avoir à aller en classe“. Accidentellement, il les aurait rappelés, ce qui a permis aux autorités d’avoir un échantillon de sa voix pour l’identifier.

Kelley a été inculpé de “complot en vue de commettre une infraction contre les États-Unis, en particulier des menaces interétatiques d’agressions“. L’enquête a par ailleurs relevé que le groupe a passé suffisamment d’appels téléphoniques en 33 jours pour affecter 134 districts légaux dans toute l’Amérique du Nord.